Logo de Pollen

au mouvement venu

BC

La poésie d'Amélie Margueritte retient d'emblée par le refus qu'elle manifeste d'une célébration immédiate du monde : "Mettre à distance ou/entre parenthèses/ le monde/ne change rien : Il est là". Mais ce refus initial n’est que suspens : tout au long du recueil, c'est bien ce "là" du monde qui apparaît pour lui-même dans une lumière à la fois douce et implacable. Non pas tant l'être ainsi du monde que son impossibilité d'être autre. Il y a une permanence et comme une stupeur du monde, puisqu'en lui "il n'existe aucun événement" ; il faut donc se rendre à l'évidence et rendre les armes : "je prolonge le monde tel que je l'ai trouvé". Ce mélange d'étonnement et de résignation donne alors aux choses un éclat singulier : celui de leur présence pure, déroutante, parfois drôle mais toujours quelque peu amortie par la distance. Cette distance est aussi celle d'une voix, proférée comme de nulle part, en une sorte d'exil fondamental : absence de lieu (" je n'avais pas lieu") qui est aussi bien absence de l'événement ("il ne m'est rien arrivé"). Voix qui est d'abord celle de l'enfance, dans laquelle baigne une partie du recueil, où règnent la banalité et l'étrangeté, l'étrangeté de la banalité. C'est de cette enfance que l'on ne cesse de sortir sans cesser d'y revenir, en une interrogation sur l'identité qui devient quête du lieu. Dès lors, le recueil tout entier se donne comme une lente initiation, fragmentaire et fragile, à la lumière de laquelle les situations, les corps, les animaux ou les oeuvres, en particulier picturales, accèdent à une beauté nue. Ce lieu est évidemment celui de la poésie même, où retentit ici une voix neuve.

Disponible

16.00 €

Haïkus du Père-Lachaise

BC

Haïkus du Père-Lachaise est un recueil de 480 tercets composés dans le sillage de la pandémie de 2020. Après le confinement, les promenades quotidiennes de l’auteur dans le parc du cimetière parisien ont été l’occasion de retrouvailles émerveillées avec la nature. Les beautés cachées, inattendues, frappantes des règnes animal, végétal et minéral perçues par les cinq sens font de ce lieu funéraire un espace d’une réjouissante vitalité. Empreints d’écologie, ces haïkus des quatre saisons pointent une façon plus douce d’habiter la terre.

Disponible

16.00 €

Le Cycle des pigeons

BB

Le Cycle des pigeons est un recueil court écrit en vers libres. Les poèmes évoquent Paris, sous la pluie ou le matin au printemps, à hauteur d’étudiant, d’enfant, de pigeon, de buveur de café, de serveur, de promeneur, de liseur de journal, de mangeur de croissant, etc.. C’est une rêverie sur la matière, la densité de la vie, sur ce qui en elle pèse son poids de fraîcheur, ce qui en fait cette vie-là et non je ne sais quoi de vaguement semblable mais sans fond, sans bord, sans grumeau, sans pluie, sans bogue et sans terrasse de café. Ce qui pèse ici (le grain) tient par exemple à une déclinaison de gris, aux nuages, aux toits, aux plumes, à la fumée, à la buée mais aussi à des lumières assez chaudes. C’est un mélange de lumière, d’eau, de gris, de vert, de pierre, de roucoulement, de terrasse, de bicyclette, de journal, de jardin, d’escalier et de rue en pente. J’ai écrit ce livre en pensant à des êtres aimés – des amis, des parents – parce que nous avons partagé ce monde de matinées grises, de printemps, de pigeons, de café, d’enfance, de temps qui flotte. Finalement, qui connaît, qui mesure la place occupée par toutes les bordures, les arrière-fonds, les chansons diffusées au comptoir, l’odeur des marronniers au mois d’avril ?

Disponible

10.00 €

Martine H

BC

« Je m’appelle Martine H, j’ai 44 ans, je suis allemande, nazie et désespérée de l’être. Je suis mariée à Edmund H, endormi à mes côtés, 74 ans, sans (plus d’) enfant, juif allemand, patriote fidèle, ça oui, nazi en ce sens, par simple habitude, un peu gêné de l’être sans doute. Nous fuyons l’enfer, et je suis perdue. » Martine H n’est pas une biographie philosophique. Ce n’est pas non plus un livre sur l’identité trans-. L’autrice a voulu dans ce roman, contrairement à L’endroit et Déni ma survie, dont la tonalité est intime et familiale, entrer dans la Grande Histoire et dans celle de philosophes célèbres qui ont fait une part de notre Histoire à toutes et à tous. Mais elle a également voulu montrer leurs replis obsessionnels et traumatiques, et comment leurs idées et leurs concepts se sont incarnés dans leurs entrailles, jusque dans les tréfonds de la transformation identitaire sexuelle de l’un d’eux, sa folle sagesse. Ainsi, Natalie Depraz refuse le roman ou le théâtre d’idées à la façon de Jean-Paul Sartre, pour lui préférer l’incarnation vécue de la pensée dans l’intime fou du corps, en résonance avec la perspective genrée novatrice de Simone de Beauvoir.

Disponible

16.00 €

Polylogue

BC

Polylogue analyse diverses pratiques de symbolisation : de la plus archaïque, la langue, le discours de l’enfant ou de l’adulte, en passant par la peinture de la Renaissance (Giotto, Bellini) et la littérature moderne (Artaud, Joyce, Céline, Beckett, Bataille, Sollers), jusqu’à leurs approches par les “sciences humaines” actuelles ; linguistique (classique ou moderne), sémiotique, épistémologie, psychanalyse. Traversant ainsi des époques charnières — Chrétienté, Humanisme, XXe siècle — et interrogeant l’usure des anciens codes comme l’affirmation d’une nouvelle identité, d’une nouvelle signification, le livre pose en permanence la question du sujet parlant. S’il indique, par chaque texte, comment a pu émerger, d’un négatif assumé jusqu’à l’évanouissement de sens, une positivité neuve, il démontre, par son trajet, que la seule positivité acceptable à l’époque moderne est la multiplication des langages, des logiques, des pouvoirs. Poly-logue ; pluralisation de la rationalité comme réponse à la crise de la Raison occidentale. C’est le pari de relèves multiples, à chaque fois spécifiques, de la mort qui menace notre culture et notre société, dans des langages dont la multitude est la seule marque de l’existence d’une vie. J. K.

Disponible

25.00 €

Tuer les gens, tuer la terre

BC

La passion euthanasique dans nos démocraties est-elle un progrès de nos sociétés libérales ou le signe d’une dérégulation symbolique profonde ? La question qui se pose à nous est  : faut-il faire tomber l’interdit de donner la mort ? Quelles conséquences pour une civilisation ? pour les grandes vulnérabilités ? Loin des oppositions habituelles pour/contre, progressistes/conservateurs, qui orientent les débats sur la dépénalisation de l’euthanasie et du suicide assisté, Bruno Dallaporta et Faroudja Hocini proposent ici une analyse fine des présupposés animant les camps qui se font face. Mais une troisième voix se fait entendre : celle des valeurs du soin, que nos applaudissements avaient fait retentir lors de la crise pandémique. La force argumentative du texte tient en son propos clair et synthétique, distinguant les cinq situations qui amènent le médecin à participer à la mort de la personne malade. Cet ouvrage permettra à tout lecteur de sortir de la confusion, et passer ainsi du réflexe à la réflexion. L’originalité de cette proposition inédite tient dans son horizon écologique. Le socle moderniste sur lequel s’appuient les lois euthanasiques ne serait-il pas commun à la pulsion de mort et de maîtrise qui détruit le vivant et dévitalise la Terre ?

Disponible

16.00 €

Victorine Martineau

BC

Pendant la vieillesse de ma mère - mais ma mère a toujours été vieille pour moi, elle m'a eue tard, on la prenait souvent pour ma grand-mère -, l'idée d'écrire quelque chose après, quand elle ne serait plus, sur elle et pour elle,  m'a sans doute aidée à supporter mon impuissance, ma honte, la honte de ma honte et le sentiment de ma défection. J'écrirais en compensation de ce que je n'avais pas fait. De l'amour que je ne lui avais pas témoigné. De ce que je n'avais pas été pour elle. Ce serait pour elle que j'écrirais, mais elle ne le saurait pas. Il ne fallait pas qu'elle le sache. Ma mère est morte, et ce "quelque chose", peu à peu, à partir de notes prises au jour le jour après l'événement, s'est dégagé sous la forme approximative de ces poèmes. Une discipline a régi leur écriture : ne pas se payer de mots. Comme au tribunal, il s'agissait pour moi de dire, sinon "toute la vérité", du moins "rien que la vérité". Rien d'autre que ce que je pouvais dire. Sur ma mère, et sur la mort, qu'elle avait rendu réelle en mourant.

Disponible

12.00 €