Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros
BC
Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros répond à un double enjeu. Il est d'abord conçu comme une porte d'entrée vers la pensée de cet auteur inclassable et souvent mécompris dans le monde francophone. L'ouvrage répond au défi suivant : comment peut-on concevoir une initiation à la pensée de Jean Baudrillard, sans passer par le commentaire universitaire, l'exégète classique ou la glose herméneutique ? Comment détourner le savoir totémique des universitaires, qu'il disait lui-même honnir, tout en permettant aux lecteurs et aux curieux de s'approprier sa pensée et ses concepts en douceur ? L'ouvrage reprend le format bien connu des « Livres dont vous êtes le héros », ou fictions interactives qui ont connu un certain succès éditorial notamment auprès des jeunes public, il organise donc une fiction interactive autour de cet auteur en mêlant le biographique au philosophique, l'intime au conceptuel, le propédeutique au burlesque. Trois grandes voies narratives s'entremêlent. D'abord, une première voie permet de naviguer dans la vie de Jean Baudrillard – une vie plus ou moins fictionnalisée, dans la plus pure tradition baudrillardienne. Cette voie mobilise des sources inédites de et sur l'auteur (correspondance privée avec ses parents, archives de l'IMEC, photographies personnelles, etc.) Des éléments parfois très ordinaires sont mobilisés pour dire sa pensée. Ensuite, un double fictionnel organise une voie en contrepoint (la question du double hante l'oeuvre de Baudrillard). Ce personnage est marqué par une absence de destin, des péripéties de l'ennui et de la médiocrité. Une troisième voie narrative est plus théorique, abstraite et conceptuelle. Elle permet de se balader dans son oeuvre, en sillonnant de citations en citations, sa philosophie ainsi mise en intrigue. Au final, cette première partie permet à la fois au lecteur de « jouer » à suivre et incarner la vie et la pensée de Baudrillard, tout comme elle peut être parcourue dans un ordre aléatoire. La seconde partie du livre intitulée « Morale de la Traverse » se veut réflexive et théorique, elle pose la question suivante : comment vivre sa vie avec la pensée de Jean Baudrillard, en tant que « mode d'emploi » de la vie. En quoi la spécificité de cette pensée peut être envisagée sous un angle moraliste, voire acquérir une dimension ésotérique qui ramène du hasard dans le destin ? Et comment cette dernière permet une lecture du monde au quotidien : comment traverse-t-on une existence avec le système de pensée de Baudrillard et son renversement perpétuel que nous proposons de nommer la Traverse ? On y parle autant de l'homme-dé, d'un guide de survie à l'attaque d'un ours, de la fin du recoin, du détournement médiatique, du simulacre de la nostalgie et du monde qui va se venger de nous. Avec une préface d'Edgar Morin.
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18.00 €
Le même et le différent. Alvin Lucier
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L’oeuvre du compositeur nord-américain Alvin Lucier se distingue par sa singularité dans le paysage de la création sonore. Éloignées des préoccupations compositionnelles de ses contemporains, ses oeuvres se consacrent toutes à une même étude, celle de l’activité vibratoire des ondes sonores et des multiples phénomènes qui en résultent : écho, diffraction, onde stationnaire, résonance, battement acoustique, etc. Chaque composition ou installation sonore est l’occasion d’examiner patiemment tel ou tel phénomène, de le dévoiler à l’écoute, afin de mieux en saisir la prégnance quotidienne et d’en cerner les propriétés spatiales. Mais au-delà de l’observation esthétique des phénomènes, une telle écoute des mouvements ondulatoires conduit in fine à une double expérience : celle inextricable d’un dehors et des relations constitutives de la perception. Ce livre réunit un ensemble d’entretiens avec Matthieu Saladin où Lucier revient sur son parcours de compositeur, ses années de formation, les enjeux esthétiques de son oeuvre, sa pratique de l’écoute, son rapport à l’expérimentation sonore ou encore son travail d’enseignant. Ils sont précédés d’un essai introductif mettant au jour l’originalité d’une position artistique où la réflexivité perceptive devient la promesse d’un rapport renouvelé au monde.
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14.00 €
Le Passage Des Frontieres. Ecrits Sur La Musique
BC
Le Passage des frontières rassemble pour la première fois l'intégralité des articles, textes de circonstance et notices d'oeuvres rédigés par Kaija Saariaho depuis le début de sa carrière. En couvrant trente années de recherche et de création musicales, cet ouvrage permet non seulement de porter un regard nouveau sur la musique de la compositrice, mais également sur la création musicale des années 1980 à nos jours. Il s'agit en outre, et là repose sans doute son intérêt majeur, d'un des très rares documents dévoilant le parcours d'une femme compositrice dans le monde de la musique contemporaine. La première partie du livre permet de découvrir successivement les désirs et les motivations d'une jeune artiste finlandaise, son exil en Allemagne, puis en France, son émancipation et ses premiers succès, l'importance de l'Ircam dans le développement de son langage musical, ses différentes prises de position esthétiques, et finalement un regard rétrospectif porté sur son parcours, sa Finlande natale, sa pratique au quotidien et le rôle du compositeur tel qu'elle l'envisage. Les deuxième et troisième parties du livre consistent respectivement en un Journal des oeuvres regroupant toutes les notices de concert rédigées par la compositrice et un ensemble de sources (chronologie, origines des textes, catalogue des oeuvres, discographie, bibliographie et glossaire général).
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26.00 €
Les artistes
BC
Anna et Virgil sont deux jeunes artistes talentueux qui seraient presque disposés à donner le meilleur d’eux-mêmes pour réussir dans le monde de l’art. Ils se projettent avec un bel élan dans les circonstances matérielles les plus précises d’un succès éclatant et rapide. Être artistes ! Être artistes et le demeurer ! Être artistes et en vivre ! Atteindre même à la grande notoriété ! Ceux qui imagineront qu’avec ses Artistes, Ellias dresse le procès implacable des ressorts d’un monde né de l’accélération exponentielle du précédent en seront sans doute pour les mêmes frais. Certains se laisseront pourtant porter et probablement surprendre par la neutralité clinique d’une narration sobrement ironique, ou encore par le drolatique passage en revue de la vie politique française de ces quinze dernières années. D’autres goûteront au premier degré l’authenticité d’une histoire d’amour tissée dans l’époque. Le roman d’apprentissage, en tout cas, s’en trouvera radicalement subverti.
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15.00 €
Les Champs De L'Audiovisuel
BC
L'histoire des images en mouvement est depuis longtemps dominée par un paradigme cinématographique. Mais l'éclatement actuel des écrans nous oblige à relire de façon différente ce passé. Non plus simplement comme le récit orienté d'un medium mais comme l'ouverture multiple d'une sphère : la sphère audiovisuelle. Les Champs de l'audiovisuel s'efforce ainsi de définir les différents champs esthétiques qui ont aimanté, depuis son origine, l'histoire des images en mouvement indépendamment du septième art. Pour définir ces champs (le graphique, le scopique, le scriptural, etc.), l'auteur propose une relecture d'oeuvres plus ou moins célèbres (de Fantômas au Soprano, du Cirque à Loft Story, de Faisons un rêve à Matrix) en prenant appui sur quelques auteurs essentiels (Louis Skorecki, Roland Barthes, André Bazin, Walter Benjamin, etc.). Au travers de ces analyses de cas, et découpes de champ, se construit progressivement un nouveau panorama et une manière inédite de se rapporter aux images.
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16.00 €
Les Cloches d'Atlantis
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C’est à l’histoire des inventions sonores au cinéma que nous convie Philippe Langlois, au croisement de la technique, de la musique et du cinéma, dans le sillage des compositeurs et des cinéastes les plus inventifs. Des dispositifs de sonorisation du cinéma muet aux manipulations du son qui découlent de l’usage de la piste optique, de la fiction aux films documentaires, du cinéma d’animation aux films expérimentaux, un champ ténu de convergence s’élabore où se dessine une forme de préhistoire des musiques électroacoustiques. Ces expériences ne sont pas sans répercussion sur la démarche de Pierre Schaeffer lorsqu’il invente la musique concrète et qu’il précise sa démarche au sein du GRMC ainsi que dans le cadre du Service de la Recherche de l’ORTF qu’il dirige jusqu’en 1975. Après les années 1950, les musiques électroacoustiques ne cessent de gagner une place de plus en plus importante jusqu’à se fondre totalement au sein du dispositif cinématographique et irriguer les principaux courants artistiques du cinéma expérimental et du cinéma d’auteur. Une manière totalement neuve d’aborder l’histoire parallèle et underground des musiques électroacoustiques au cinéma à l’issue d’un travail de recherche de plus de dix années. Cet ouvrage a été élaboré en lien avec le site internet dédié www.lesclochesdatlantis.com qui illustre et documente ce livre à partir de nombreux extraits vidéos, sonores et iconographiques inédits. Ce livre est la nouvelle édition, revue et augmentée d’un chapitre inédit, d’un ouvrage initialement paru en 2012.
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26.00 €
Les Corps Transfigures. Mecanisation Du Vivant Et Imaginaire De La Biologie
BC
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22.00 €
Les écrits restent
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À l'occasion de la rétrospective du sculpteur français Hubert Duprat au Musée d'Art Moderne de Paris, les éditions MF publient le premier ouvrage anthologique sur l'artiste. Couvrant peu ou prou l'ensemble de la période d'activité de l'artiste, cet ouvrage rassemble dix-neuf textes écrits entre 1986 et 2019. Si tous portent sur la démarche de l'artiste, chaque auteur - historien, écrivain, poète, critique ou théoricien, commissaire d'exposition - l'aborde sous un angle spécifique. L'oeuvre de Duprat recèle en effet une épaisseur sémantique rare, qui répond à la nature très diversifiée de ses intérêts. Le lecteur pourra ainsi (re)découvrir les liens qu'entretient son travail avec différentes périodes de l'histoire des arts, des sciences et des techniques. Il appréciera sa dimension simultanément savante et sensible, bricolée et spirituelle, méditative et fulgurante, archéologique et anthropologique.
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24.00 €
Les formes du chaos
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Cet essai montre comment la forme romanesque inventée par Virginia Woolf, dont l’enjeu est de restituer la vie sans la déformer en lui imposant des formes artificielles, ainsi que sa réflexion sur l’art, menée dans ses essais et dans ses romans, rencontre sa réflexion politique (développée dans ses essais, ou, métaphoriquement, dans ses romans) : dans tous les cas, l’enjeu est celui de la lutte contre le chaos, ou de la sortie du chaos, ou, plus précisément, de la recherche de manières dont on peut donner des formes au chaos sans que la donation de forme soit ce qui impose de la manière la plus violente le chaos le plus invivable (ce que produit, selon elle, une civilisation reposant sur un Empire colonial et la normalisation des vies). L’enjeu est d’échapper au dilemme entre d’un côté une pluralité irréductible, sans commune mesure, voire la guerre, et, de l’autre côté, un ordre unifié, monolithique, qui s’impose contre les gens, au détriment de leur vie.
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16.00 €
Les nombres d'Arsène (un conte à rebours)
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Arsène possède un don : il voit partout des nombres. Pour lui, la nature s’organise en ordres de chiffres. Mais ce don se révèle être une malédiction qui le mène d’un malheur à l’autre. Amoureux, il tente d'utiliser ce talent pour gagner le coeur de son aimée, qui le rejette. C’est alors que les nombres se mettent à lui parler. Ils vont le conduire sur un chemin étrange et difficile, des forêts de la Lozère aux sommets alpins. Entre conte intiatique et récit d’aventures, Les nombres d’Arsène est l’histoire d’un homme dont la quête insensée, sans qu’il l’ait voulu, changera le monde.
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17.00 €
Les pays invisibles
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À l'heure où la technologie permet d'obtenir des images de n'importe quel point du globe et des confins de l'espace, certains pays échappent pourtant au regard de l'histoire et du discours mondialisés. Ce sont ces zones que l'écrivain portoricain Eduardo Lalo nomme les “pays invisibles”, expression qui donne son titre à l'un de ses essais autobiographiques paru en 2006 et lauréat du Prix Juan Gil-Albert Ciutat de Valencia. Construction géopolitique, historique et sociale, le partage du monde en lieux visibles et lieux invisibles façonne les représentations, les discours et les pratiques de ceux qui les habitent. Il conduit ceux qui peuplent les premiers à ignorer les seconds que, du fait de ce partage, ils ne sont pas en mesure de voir. Eduardo Lalo est ainsi conduit à affirmer l'inexistence de Porto Rico, comme celle d'autres pays ou de certaines villes. Tenant à la fois du carnet de voyage, de la chronique et de l'essai philosophique, ce livre retrace les expériences d'un écrivain qui quitte Porto Rico, “royaume de l'invisible”, et y revient à l'issue de plusieurs voyages en Europe, notamment en Espagne. L'analyse rigoureuse de ce que signifie l'invisibilité politique et culturelle vécue à la fois depuis les lieux invisibles et depuis les lieux visibles forme la trame du récit. Loin de toute victimisation, la lucidité de l'écrivain éclaire les enjeux de civilisation liés au désir de visibilité et au pouvoir qu'il confère, et montre qu'un contre-pouvoir est peut-être à l'oeuvre dans l'écriture de l'invisibilité et ce qu'elle requiert de la part de ses lecteurs.
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18.00 €
Libertés d'écoute
BC
Libertés d'écoute est un livre-somme, non seulement par la diversité des textes proposés, qui couvrent un champ très large, du théâtre au cinéma et de la radio à la musique, mais aussi par la profondeur temporelle de leur écriture. C'est une vie pour le son que cet ouvrage nous invite à découvrir. Grande figure de l'enregistrement et la composition sonores, Daniel Deshays rassemble ici une multiplicité d'expériences, de projets, d'analyses et d'essais qui dessine les linéaments de cet art encore largement impensé, l'art du son en tant qu'il est enregistré, composé, projeté, diffusé, associé à l'image ou à la scène, au texte ou au corps parlant. On se rend compte en le lisant que le son traverse tous les arts sans rien perdre de sa spécificité. Où qu'il soit, il est toujours ce qu'il faut écouter. Ce livre est aussi cela : une propédeutique à l'écoute, qu'elle soit quotidienne ou appareillée, théâtre ou cinématographique, radiophonique ou électroacoustique.
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22.00 €
Logique du Joker
BC
Octobre 2019. Au Liban, au Chili, en France, plusieurs manifestants et insurgés étaient grimés en clowns, reprenant le maquillage du Joker dans le film éponyme de Todd Phillips. Comment diable le fameux criminel fou de la fiction peut-il devenir l’emblème des insurrections contemporaines ? Le film a été plébiscité pour son « réalisme social ». Or, cette interprétation repose en partie sur une erreur. Si ces manifestants sont fidèles au Joker, ce n’est pas simplement en se maquillant et en occupant les rues ; c’est en se produisant eux-mêmes en tant qu’images, – en photographiant, en filmant, en diffusant en réseau cette insurrection. Elle est beaucoup plus une insurrection par les signes, immatérielle et iconomique, qu’un soulèvement spontané du « peuple » ou de la « plèbe ». Il est souvent dit que la pensée du Joker ne se situe pas sur le plan de la pensée normale, qu’il a une logique autre, et que personne ne peut parvenir à le comprendre. Le postulat de ce livre est qu’il existe une logique du Joker. De manière générale, la folie est éminemment politique ; pour connaître la réalité d’une époque, il suffit de choisir soigneusement le fou qui pourra nous la révéler, et de lui prêter l’oreille. La réalité contemporaine est régie par la logique du Joker. Comprendre la folie du Joker, c’est nous comprendre nous-mêmes. Cet essai n’est pas un essai sur le cinéma, mais un essai sémiopolitique, sur le rapport entre le signe et son objet, sur le rôle des images dans la production de la réalité sociale. L’entrée du Joker en politique marque l’An Un de ce qu’il faudra appeler l’ère de l’iconomorphose.
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20.00 €
low intensity conflicts
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low intensity conflicts - un mini-opéra pour non musiciens (2008-2016) retrace 8 années durant lesquelles franck leibovici tenta de rendre compte des conflits dits "de basse intensité", au moyen de systèmes de notation issus de la musique expérimentale, de la danse, de la linguistique. l'ouvrage relève, à la fois, du libretto d'opéra et de l'ouvrage théorique, et mêle ainsi matériaux sources, poèmes, partitions, essais. plutôt que de tenter de définir ce genre hybride, mieux vaut s'intéresser aux usages possibles qu'il contient : on pourra, tout à la fois, remonter soi-même cet opéra grâce aux partitions et aux instructions détaillées, lire des ensembles de poèmes et de chants de guerre, des extraits de manuels, des descriptions de vidéos, ou encore, s'interroger sur les formes de savoir que la performance produit.
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28.00 €
Machine Pollet
BC
Premier ouvrage collectif de référence sur le cinéaste Jean-Daniel Pollet (1936-2004), Machine Pollet est également la restitution d'un projet de recherche de trois années menées par des cinéastes, des artistes, des philosophes et des étudiants au sein de quatre écoles d'art. Composé d'essais, de récits, d'entretiens, de dialogues réels et inventés, de journaux de bord et d'expériences poétiques et formelles, il sera accompagné de dix films tournés et montés au cours de ces trois années.
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30.00 €
Michel, Leïla
BC
"Michel, Leïla (Lui, Elle, Toi)" est un livre d'une force et d'une radicalité rares. Il s'inscrit dans le cadre d'un projet poétique mené par Grégoire Cabanne depuis de nombreuses années mais qui est resté inédit jusqu'à aujourd'hui. Il repose sur une forme, le microème (un tercet qu'ouvre un pronom), et un principe, celui de la "pronominalité de l'être". Faire du pronom l'élément premier et principal du poème est par conséquent reconnaître le caractère pronominal du langage (et de l'être dans la mesure où il n'y a que langage). Ce qui ne l'empêche pas de raconter des histoires. Ici, celles de Michel et Leïla à travers les aventures micropoétique des trois pronoms : Lui, Elle, Toi (ainsi que Tout), les figures et les personnages de ce poème au long cours qui s'avère à la lecture également roman potentiel.
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15.00 €
Musique adorable
BC
Musique adorable : Chabrier malgré lui n'est ni une biographie au sens académique, ni un roman, et pourtant c'est un texte qui participe de ces deux genres. Il emprunte sa rigueur au premier – tout ce qu'il relate de la vie du compositeur Emmanuel Chabrier (1841-1894) est avéré et toutes ses citations scrupuleusement exactes – et sa liberté au second, dans sa manière d'agencer les faits, de les éclairer, de les couler dans le rythme d'une prose dont le souci majeur est d'être plastique et musicale. De ces deux genres, par ailleurs, il néglige certains aspects : l'exhaustivité de la biographie, l'imagination du roman. En effet Musique adorable n'invente presque rien, sinon sa façon, elliptique, légère, amoureuse, de raconter une histoire vraie, l'histoire gaie et poignante d'un musicien original, aussi doué pour la vie que peu gâté par elle (or ce sont les malheurs qui l'accablent, indifférence, faillite, incendie, maladie, outre sa position marginale dans la vie artistique très bourgeoise du XIXe siècle, qui en font tout le romanesque). Il s'agit là d'une « interprétation », dans toute l'ambiguïté lyrique et subjective du terme. Ainsi pourrait-on dire que le texte se divise en 38 « chants », 38 brefs chapitres qui retracent chronologiquement les grandes étapes de la vie et de l'oeuvre hautes en couleur de Chabrier. De nombreux extraits de la correspondance de Chabrier, prolixe et réjouissant épistolier, émaillent le texte, lequel espère se montrer à la hauteur de sa verve. Car ses lettres comme sa musique, si elles ont leurs mélancolies, respirent la joie ; et Musique adorable se veut joyeux et enlevé, quand bien même il chemine vers une fin navrante, quand bien même vise-t-il par-dessus tout la compassion et l'émotion du lecteur. C'est un rire étranglé par un sanglot ; c'est aussi et d'abord, sans doute, un exercice d'admiration pour un « outsider » magnifique.
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16.00 €
Orbital
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Entre science-fiction et space opéra, Orbital décrit la fuite dans l’espace d’un personnage mystérieux et tyrannique : la Juge. Le récit se déroule pendant l’Ère tropicale. Les popula- tions humaines organisent leur survie en formant des castes et en se claquemurant dans des forteresses ventilées. La Juge décolle sans y avoir été autorisée. Dans l’espace, elle conclut que devenir un réseau d’hologrammes assisté de soldats reproductibles en série est la meilleure manière de s’assurer le contrôle. Contrôle sur les psychés de la flotte, contrôle sur les moindres réactions du coéquipier, contrôle sur les données du prototype, contrôle sur l’architecture du vaisseau et ses trajectoires. La Juge s’efforce de supprimer le dehors, enferme sa mémoire sur des serveurs bunker, la rend inaccessible. Dystopie fascinante, réflexion profonde et salutaire sur les techniques et les enjeux du contrôle, Orbital est la première incursion de son autrice sur le terrain de la science-fiction.
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15.00 €
Ouvrez La Tête : Ma Thèse Sur Satie
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Musicologue, poète et compositeur, c'est à tous ces titres que David Christoffel s'intéresse à Erik Satie (1866-1925), auteur des célèbres Gymnopédies et inventeur de la musique d'ameublement. Son livre se penche sur les étonnantes mentions verbales qui figurent dans les partitions du compositeur ' dont par exemple « Ne souffle pas dans tes oreilles », « Enfouissez le son », « En se regardant de loin », « Encore plus barbant si possible », etc. David Christoffel ne se contente pas de les resituer dans leur contexte historique, il montre aussi qu'elles ouvrent un espace poétique original au carrefour de la musique, de la poésie et de la performance. Le livre sortira en 2016, à l'occasion du 150e anniversaire de la naissance d'Erik Satie.
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22.00 €
Palais mental
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Il y a une situation, celle de l’énigme policière traditionnelle, une pièce pourvue d’une porte et d’une fenêtre, un meurtre inexpliqué, et il y a les personnages qui sont les acteurs traditionnels de cette situation : un détective, qui ne porte pas de nom (sa fonction pourvoit à tout), son assistant, l’enthousiaste Silbano, et le brigadier Gutiérrez, qui reste à l’entrée afin que personne ne vienne perturber le travail des enquêteurs. Il y a également, bien entendu, le personnage principal (ou subsidiaire), un cadavre, la justification de toute l’affaire, et qui n’est peut-être pas aussi mort qu’on voudrait le croire (il se permet quelques clins d’oeil au détective, qui ne sait pas trop quoi en penser). Il y a aussi une série d’objets, ceux du détective, qui accompagnent sa fonction (une pipe, une loupe), et d’autres, contondants, qui pourraient être (il le faut bien) les armes du crime. Le décor est donc planté (avec, en point de fuite, à l’extérieur, la ville et la nuit, lourde comme un pesant rideau) et puisque nous assistons à une sorte de théâtre, autant respecter les trois règles classiques de l’unité de temps, de lieu et d’action. Mais l’enjeu ne sera pas de résoudre l’énigme. Whodunit n’est pas la question, même si les questions sont nombreuses, infinies, dans la tête du détective. La preuve, elles s’enchaînent à un rythme frénétique, qui est moins celui de la pensée elle-même – toujours tronquée – que celle de la perplexité, qui va en s’épaississant. Le mystère, lui, flotte, statique : il est le même du début à la fin. Il piétine. La question est d’explorer exhaustivement le palais mental du détective, plein de cul-de-sac. On observe le courant de conscience de notre fin limier en restant prudemment à la troisième personne. Une réponse en mène à une autre, qui mène à une nouvelle question ou à une nouvelle contradiction. Nous sommes au théâtre, mais peut-être aussi au concert : différence et répétition, leitmotiv et variation. Un continuum – un seul paragraphe – qui construit la tension et augmente peu à peu la cadence, comme ce courant d’air en provenance de l’unique fenêtre qui finit par se convertir en un tourbillon pour mieux secouer la pièce comme un shaker. La syntaxe, elle, reste impassible : la langue est transparente mais le sens, lui, se fait souvent la malle. Sa recherche incessante, la quête des indices qui en indiquerait l’apparition, est une poursuite de l’unité, une mystique du pauvre. À moins qu’il ne s’agisse simplement de trouver les images de la pensée ou de faire de la pensée un livre d’images. De visualiser la scène.
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15.00 €