Rues du monde
de Anne
Editeur : APIC EDITIONS
Date de parution : 7-/-0/2024
9789969525083
Disponible - 15.00 €
Résumé
SEPT QUESTIONS A ANNE WALDMAN 1/ Une autobiographie en quelques mots. Anne Waldman : Triple Bélier, 2 avril 1945. Le père a combattu les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale en Allemagne, la mère Frances LeFevre Sikelianos Waldman elle est allée chez ses beaux-parents dans le New Jersey pour la naissance, puis elle est retournée dans le village « bohème » de New York. Bébé, Anne a grandi avec des livres de poésie, avec le jazz et la politique progressiste. Elle a commencé à écrire sérieusement à l’adolescence, avec la Génération Beat et l’École de New York à sa porte. Elle a suivi des cours de littérature et de performance à l’université, a aimé Blake, les romantiques, les études de psychologie, mais s’est surtout intéressée aux littératures du monde, aux épopées orales, à la litanie, au chant, à la transe, au chamanisme, aux enthéogènes. Pendant une décennie, elle a travaillé à la fondation puis à la direction du Poetry Project en 1968, Anne Waldman s’est toujours fait le champion de l’introduction de la poésie et de la protestation dans l’espace public. Elle a cofondé, avec Allen Ginsberg et Diane di Prima, le programme Jack Kerouac School of Disembodied Poetics à l’Institut Naropa de Boulder, dans le Colorado. Elle a été arrêtée à Rocky Flats avec Daniel Ellsberg et Allen Ginsberg dans les années 1970, alors qu’elle lisait des poèmes qui contestaient les livraisons de plutonium destinés aux les ogives nucléaires. Elle a participé aux protestations contre la guerre du Viêt Nam et à la piste des Sept de Chicago. Et toutes les actions actuelles d’intervention contre-culturelle dans les temps suivants, Occupy Wall Street. Elle travaille avec le collectif Rizoma à Mexico. Auteur de plus de 60 volumes de poésie, de poétique et d’anthologies, dont l’épopée de 1000 pages The Iovis Trilogy : Colors in The Mechanism of Concealment (Coffee House Press) qui a remporté le Pen Center Literary Prize for Poetry. Son album SCIAMACHY est sorti en 2020 chez Fast Speaking Music et à la Levy-Gorvy Gallery de New York. Patti Smith l’a qualifié d’« Extrêmement puissant. Un bouclier psychique pour notre époque ». A paraître, une anthologie : NEW WEATHERS, Poetics from the Naropa Archive (avec Emma Gomis), Nightboat 2022, Bard, Kinetic, Coffee House 2023, Mesopotopia 2023, Penguin. 2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie. » Les poèmes sont les modèles extérieurs, intérieurs et secrets du monde. Et du cosmos, comme un poète peut rêver un cosmos. La poésie fait résonner la tête, l’oreille et le corps tout le temps en appelant aux mots, à l’action. A une cinétique du comment exister par rapport... à « l’autre », à l’espace, au temps, à la gnose. Personne ne vous demande, ne vous supplie d’écrire de la poésie. Ce n’est pas une carrière, mais un appel persistant et joyeux, une commande, un vœu. Une recherche permanente sur le langage (quelle que soit sa particularité) et la traduction de ses complexités et de son pouvoir. Les tentacules émanent de tous les chakras du corps, de la parole et de l’esprit. Ce sont des réceptacles, comme le sont toutes les perceptions sensorielles. Et la poésie est également la mémoire du monde, et des mondes inconnus — des expériences, des continents entiers sont vivants dans des interstices cachés comme des terma — les trésors cachés par les adeptes dans les nuages, dans les rochers, dans le cœur d’un arbre. 3/ Prose et poésie, la distinction a-t-elle un sens ? La prose est plus facile à lire, plus heureuse pour l’acte de lecture. Avec la prose, la relation des mots entre eux est plus complète – basée sur l’intrigue des personnages. En poésie, on se bat pour chasser les étymologies, on peut s’enfuir, mais le poème nous prend au piège devenant... une rune, un koan, un nœud de vie, une amulette. Vous pouvez lire en cercles de temps et non en chroniques. Les distinctions sont moins précises avec ce qu’on appelle le poème en prose, un champ de condensation et emballé comme un rêve pourrait l’être avec des détails lumineux que vous capturez à l’aube. La distinction est dans le rythme, le pas de l’esprit, la danse, le danger, le précipice est dans la poésie. Vous pouvez atterrir avec la prose. Le texte est la mise en cage, l’œil intérieur rougissant son propre cœur, la vocalisation est la transmission. Avec la prose traditionnelle, vous êtes libéré de l’obscurcissement, de la perplexité, vous êtes à l’aise dans votre simplicité en assemblant des phrases, des incréments de son. Le poème en prose est une exception, le sauvage rêve surréaliste compressé. La crise est un tourbillon, un pinacle, un précipice. Les mots sont devenus insignifiants dans un certain contexte, à une époque de dystopie, où les gens ne font pas attention à leurs mots, ils sont grossiers et mercenaires. Seulement là où ils vous mèneront dans le Capitalocène. Les mots sont censés vous envoyer sur quelque chose. Sommes-nous plus fidèles à la prose ? Quand la poésie nous déchire. 4/ De la forme (et du formel) en temps de crise. La forme pour moi est l’épickos en temps de crise. Raconter l’histoire du temps, du rêve, du monde de la mort, des charniers, des sites et des interstices de l’amour et du désir. J’ai écrit IOVIS TRILOGY : Colors In The Mechanism of Concealment (la TRILOGIE IOVIS : Les couleurs dans le mécanisme de dissimulation) pour m’attaquer au patriarcat dans ma vie, dans mon espace vital. L’espace mental est un champ de bataille, disent certains, de Mars. Des mondes en collision. Avec la sciamachie, la bataille avec les ombres. Dissonance cognitive. Commencé avec un dogtag (plaque d’identité que les soldats portent) sous mon bureau, dans le sous-sol de l’école primaire, pour me cacher de la menace de la bombe atomique. J’avais besoin d’une forme longue qui voyagerait avec moi pendant des années d’action, de protestation, et d’histoires, d’histoire de lutte et de changement et de communauté, de la voix solitaire criant dans le désert, et aussi d’être au centre du tourbillon de la poésie et de la « fabrication » et du chant aussi. L’opéra et le blues. Le free jazz dans la performance, en collaboration avec les bodhisattvas de l’instrument, de la pulsation et de l’esprit sauvage. Le barde avec ses cordes vocales. C’est ça aussi le travail, son oralité. L’attention aux archives du son et du souffle. 5/ Quel avenir pour la poésie ? Les archives, la transmission aux êtres nés maintenant et dans le futur, tout ce que nous en avons. Cette poésie a toujours existé avec la conscience, elle EST la conscience. Le travail de traduction et d’opération incertaine, le travail du silence, de la pause et du champ ouvert, la ré-imagination de nos mythologies et de nos désirs, la direction de la voix et de l’imagination répondant aux milliers de choses de ce monde chatoyant. Les soins de nos ancêtres en poésie, les peines de nos luttes, toutes espèces animales, les « arbres et la verdure et ainsi de suite » comme le dit une prière... les chants de la baleine à bosse. Comment nous regardons et considérons notre cosmos et le multi-vers. La grande cacophonie. Les grandes catastrophes. Vers le chemin de la gnose, du savoir, de la mémoire future, de la poésie « éternelle », de l’interaction cinétique afin que nous puissions refléter notre Trouble et notre Beauté et aider à réveiller le monde à lui-même. 6/ La part de la prosodie dans l’élaboration du poème. Nous connaissons et étudions notre prosodie et celle des autres. Le rythme et le son, l’accentuation du Il, les ponctuations, les marques, le battement du cœur, la lamentation. Pas un monde anglophone, la poésie et la prosodie ne sont pas un empire colonial. Nous apprécions et savourons les détails, les mécanismes et ce qui a précédé. Nous aimons l’attention portée à la ligne, au souffle, à la forme. Nous savons quelles sont les choses qui stagnent. La boule de cristal est trouble. 7/ La place de la traduction dans l’écriture poétique. La traduction est essentielle à notre travail. Et il nous incombe de nous y essayer. Lorsque j’ai travaillé avec le Therigatha et le Theragatha (du Canon Pali — les premiers poèmes des mendiants bouddhistes, des moines et des nonnes errants et sans abri — avec le sanskritiste Andrew Schelling, nous sommes remontés à l’époque du bouddha historique. Pour reconnaître un monde de renoncement et de joie de la lutte. Des voix s’élèvent : Je suis libre Libéré de ma corvée de cuisine Je ne suis plus esclave de mes casseroles sales. Mon pot sentait comme un vieux serpent d’eau... (« La mère de Sumangala parle »)
Fiche technique :
Editeur
APIC EDITIONS
Contribeurs
Waldman
EAN
9789969525083
Date de parution
7-/-0/2024
Nombre de pages
216 pages
Poids
0.200 Kg
Hauteur
19 cm
Largeur
14 cm