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Gouverner les exilés aux frontières

BC

Coordinatrice de l’ouvrage : Annalisa Lendaro, sociologue, chargée de recherches au CNRS (Certop) ; E-mail : annalisa.lendaro@univ-tlse2.fr Titre de l’ouvrage : Gouverner les exilé.e.s aux frontières. Pouvoir discrétionnaire, résistances, controverses Calais, frontière franco-britannique, octobre 2016 ©. Présentation et argumentaire La frontière contemporaine tue, blesse, enferme, et éloigne une partie des candidat.e.s à la migration. Qu’elle soit maritime, terrestre, ou alpine, elle est un outil déstiné à trier les personnes migrantes selon leur (in)désirabilité. La condition d’indérisable, en dépit de critères juridiques inscrits dans le droit national et international, est le produit de pratiques discrétionnaires d’agents de police, de fonctionnaires préfectoraux, et autres « faiseurs de frontières ». De ce fait, la frontière contemporaine est à la fois un territoire, et un dispositif de gouvernement des populations, où l’effectivité des droits fondamentaux (à une vie digne, à l’éducation, à la justice, à la santé, etc. ) est quotidiennement mise à mal. Sur la base d’enquêtes qualitatives menées à trois frontières françaises (la frontière franco- britannique, la frontière franco-italienne, et la frontière basque) dans le cadre d’un projet financé par l’ANR (DisPow 2019-2022), cet ouvrage collectif se propose d’apporter un éclairage résolument pluridisciplinaire (sociologie, géographie, philosophie, droit, science politique) sur les différentes facettes du gouvernement des exilé.e.s en France et sur ses effets socio-politiques. Pour cela, il s’intéressera tout d’abord à la densité des normes et consignes, parfois contradictoires, qui régissent les territoires frontaliers (partie I), puis aux marges de manoeuvre, dilemmes moraux, et contraintes organisationnelles de groupes d’acteurs qui disposent d’un pouvoir décisionnaire sur ces mêmes territoires (policiers, cheminots...) (partie II). L’ouvrage entend enfin éclairer les formes de contestation et de résistance à ce pouvoir discrétionnaire (III), considéré par certains acteurs et groupes comme étant proche de l’arbitraire et de l’abus : avec quelles attentes, de quelles façons, et avec quels résultats l’arme du droit peut-elle être mobilisée par les bénévoles pro-migrants et par les exilé.e.s eux-mêmes contre l’Etat ou les pouvoirs locaux ? Comment les associations et les collectifs, mais aussi les professionnels du droit tels que les avocat.e.s, tentent-iels de sensibiliser, d’alerter, de contester les décisions ou d’obtenir justice au nom des exilé.e.s, et pourquoi certains « cas judiciaires » deviennent emblématiques et font débat dans l’espace public à un moment donné (et d’autres non)? En cela, les contributions de l’ouvrage fournissent des pistes pour analyser les controverses socio-juridiques en lien avec le gouvernement des exilé.e.s, et pour comprendre leurs origines, les différentes conceptions de la justice qu’elles symbolisent, la façon dont elles questionnent les politiques migratoires contemporaines et les principes qui les sous-tendent et justifient. La problématique et l’originalité du projet D’un point de vue juridique, le pouvoir discrétionnaire relève d’une action entreprise à l’appréciation d’une administration et/ou d’un agent public, sans que sa conduite ou décision ne lui soit dictée clairement ou de manière univoque par le droit (Spire 2008, Dubois 2009). En principe, ce pouvoir est donc exercé par les détenteur·rice·s d’une autorité publique (centrale ou décentralisée, de maintien de l’ordre ou administrative) et se manifeste par leur liberté d’action lorsque les décisions qu’iels ont à prendre ne sont pas encadrées de façon stricte par des règles de droit et/ou des procédures détaillées (Van der Woude et Van der Leun 2017). Cette « compétence discrétionnaire » est alors accordée par la loi aux agents de l’Etat, tels que les fonctionnaires administratif·ve·s (Laurens 2008, Miaz 2019). Elle permet, du moins en théorie, de distinguer « pouvoir discrétionnaire » et « mesures arbitraires », les dernières renvoyant à des pratiques abusives car prises manifestement en décalage par rapport aux textes juridiques, aux procédures, ou aux compétences attribuées aux agents concernés (Chauvet cit.). Néanmoins, les textes peuvent se prêter à des interprétations tellement différentes (ou rentrer en conflit entre eux) que la frontière entre discrétionnaire et arbitraire est parfois difficile à tracer (Fassin 2014, Campbell 1999, Laurens cit.). Aussi, il serait réducteur de concevoir ce pouvoir comme uniquement le fait d’acteurs publics : dans le cadre du projet DisPow, auquel ont participé les auteur.e.s de cet ouvrage, les enquêtes menées ont exploré les multiples facettes du pouvoir discrétionnaire en pratique(s) en se focalisant à la fois sur des territoires spécifiques, les frontières, et sur un champ juridique particulier, le droit des étranger·e·s ; en effet, ces deux focales permettent de montrer à quel point l’imprécision des critères législatifs ou règlementaires laisse la possibilité - ou impose la responsabilité - aux acteurs publics mais aussi privés de choisir comment interpréter les règles ou consignes et donc comment agir face à une situation concrète, avec comme conséquences principales, d’une part, des pratiques très disparates selon le territoire, l’organisation du service, les enjeux réputationnels au sein du groupe, etc., et d’autre part, un accès des étranger·e·s à leurs droits très aléatoire. Ainsi, nous avons étudié les formes et les effets d’un pouvoir discrétionnaire qui désigne la sphère d’autonomie à l’intérieur de laquelle les agents de l’administration (Spire 2008, Dubois 2009), mais aussi les « faiseurs de frontière » (transporteurs, contrôleurs, agents de sécurité etc.) (Guenebeaud 2019) et les accompagnant·e·s (juristes bénévoles, avocat·e·s, activistes) (Lendaro 2021) peuvent prendre différentes décisions au sujet des personnes en situation de migration, et ce, pas forcément en l’absence d’une règle mais plus souvent en présence d’une multiplicité d’injonctions ou de suggestions dont le degré de contrainte varie (Parrot 2019). L’ambition de cet ouvrage est de contribuer à la compréhension des origines socio-juridiques, morales, et organisationnelles, et des effets sociaux et politiques, de cette porosité entre discrétionnaire et arbitraire aux frontières. Son originalité est de vouloir le faire à la lumière, d’une part, des pratiques des acteurs aux prises avec la mise en oeuvre des politiques migratoires en France, et d’autre part, des actions et stratégies entreprises par les individus et groupes qui essayent de les contester, de déjouer leurs contraintes, de dénoncer leurs effets, voire d’attaquer en justice les responsables de violences et/ou violations de droits. L’ensemble des contributions partent du principe que le droit, loin de constituer une matière figée dont l’application serait homogène et capable d’orienter dans un seul et même sens les pratiques individuelles et collectives, est d’une part le produit de phénomènes sociaux et de rapports de forces en évolution, et d’autre part, contribue évidemment aussi à cette même évolution des rapports sociaux (Calavita 2016, Ewick et Silbey 1998, Bourdieu 1990). Pensées pour se faire écho et s’articuler à la problématique générale de l’ouvrage, les contributions se proposent de répondre aux questions suivantes : quelles sont les manifestations de ce pouvoir discrétionnaire aux frontières et que nous disent-elles de phénomènes sociaux plus globaux tels que l’évolution des inégalités entre groupes sociaux, l’effectivité des libertés publiques, ou encore la place du droit dans les mouvements sociaux ? En quoi les formes et les effets du pouvoir discrétionnaire en pratique(s) nous renseignent-ils sur les rapports au droit et à la légalité des acteur·rice·s qui l’exercent (Ewick et Silbey 1998, Pélisse 2005) ? Quels apprentissages du politique (Soss 1999) apparaissent via la rencontre avec le droit et ses marges d’interprétation ? Quels sont les dilemmes moraux auxquels sont confrontés les acteur·rice·s pouvant exercer un certain pouvoir discrétionnaire (Fassin et Eideliman 2012)? Quels usages stratégiques et/ou militants du droit sont mis en oeuvre en réaction à l’exercice d’un pouvoir discrétionnaire considéré comme arbitraire et donc injuste (Israël 2009, Lendaro 2021)? Quelles luttes sont davantage investies par la judiciarisation (Commaille 2008) et à quelles conditions le droit peut-il être considéré par les acteur·rice·s comme un outil de changement social (McCann 2006, Galanter 1974) ? Bibliographie Bourdieu, P. (1990) « Droit et passe-droit. Le champ des pouvoirs territoriaux et la mise en oeuvre des règlements », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 81-82 86-96. Calavita, K. (2016) Invitation to Law and society. An introduction to the study of real Law. Chicago University Press. Campbell, E. (1999) « Towards a sociological Theory of discretion », International Journal of the Sociology of Law 27, PP 79-101. Chauvet, C. (2009) « Arbitraire et discrétionnaire en droit administratif », Gilles J. Guglielmi éd., La faveur et le droit. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, p. 335-355. Commaille, J. (2008). 13. La judiciarisation : nouveau régime de régulation politique. Dans : Olivier Giraud éd., Politiques publiques et démocratie (pp. 305-319). Paris: La Découverte. Dubois, V. (2009), Le paradoxe du contrôleur. Incertitude et contrainte institutionnelle dans le contrôle des assistés sociaux, Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 178, 28-49. Ewick P., Silbey S. (1998) The Common Place of Law. Stories from Everyday Life, Chicago and London, The University of Chicago Press. Fassin D. (2014) « Pouvoir discrétionnaire et politiques sécuritaires. Le chèque en gris de l'État à la police », Actes de la recherche en sciences sociales, 201-202(1) 72-86. Fassin, D. & Eideliman, J. (2012). Economies morales contemporaines. Paris: La Découverte. Galanter, M. (1974). Why the ‘Haves’ Come out Ahead : Speculations on the Limits of Legal Change. Law and society review, 9(1), 95-160. Guenebeaud, C. (2019), “Nous ne sommes pas des passeurs de migrants”: le rôle des transporteurs routiers et maritimes dans la mise en oeuvre des contrôles à la frontière franco-britannique. Lien social et Politiques, 83, 103-122. Israël, L. (2009). L’arme du droit. Presses de SciencesPo. Laurens S. (2008) « Les agents de l'État face à leur propre pouvoir. Éléments pour une micro-analyse des mots griffonnés en marge des décisions officielles », Genèses, 72(3) 26-41. Lendaro, A. (2021). Défendre les « délinquant·e·s solidaires ». Quelles sont les limites de l’engagement des avocat·e·s de la cause des étranger·e·s ?. Droit et société, 107, 67-82. McCann M. (Ed.) (2006), Law and Social Movements, Ashgate. Miaz J. (2019). Le Droit et ses médiations : Pratiques d'instruction des demandes d'asile et encadrement institutionnel des décisions, Politique et Sociétés, 38 (1) 71-98. Parrot, K. (2019). Carte blanche. L’Etat contre les étrangers, Paris, La Fabrique. Pélisse, J. (2005). A-t-on conscience du droit ? Autour des Legal Consciousness Studies. Genèses, n° 59(2), 114-130. Soss, J. (1999), « Lessons of Welfare : Policy Design, Political Learning, and Political Action », American Political Science Review, 93 (2), p. 363-380. Spire, A. (2008). Accueillir ou reconduire - Enquête sur les guichets de l'immigration, Éditeur Raisons d'agir. Van der Woude M., Van der Leun J. (2017), « Crimmigration Checks in the Internal Border Areas of the EU: Finding the Discretion that Matters », European Journal of Criminology, 14 (1), 27–45. Titre (provisoire) Gouverner les exilé.e.s aux frontières. Pouvoir discrétionnaire, résistances, controverses. Avant-propos : Iker Barbero, juriste et philosophe, Professeur à Université de Bilbao (ES). (environ 10 000 signes) Introduction (environ 25 000 signes) La frontière comme dispositif de gouvernement des exilé.e.s : enjeux et méthodes, Annalisa Lendaro, CR CNRS, Certop Partie 1 Que fait le droit à la frontiere (et viceversa)? (chapeau d’environ 6 000 signes) 1.La condition migrante: gouverner les corps par l'ineffectivité des droits (environ 45 000 signes/chaque chapitre). Hourya Bentouhami, MCF Philosophie 2.Des solidarités et dé-solidarité dans l'Union européenne en matière de migration. Mehdi Mezaguer, MCF Droit Partie 2 Tous 'faiseurs de frontiere'? Policiers et transporteurs face au contrôle des mobilités (chapeau d’environ 6 000 signes) 1.Ethos professionnels et dilemmes moraux des forces de l'ordre à la frontière franco-britannique. Camille Guenebeaud, MCF Géographie 2.Les cheminots à la frontière basque : dynamiques organisationnelles et pratiques individuelles de résistance. Bénédicte Michalon (DR CNRS Géographie) et Thomas Sommer-Houdeville (post-doc Sociologie) 3.La frontière brûle. Résistances et mal-être des cheminots dans les Alpes Maritimes. Annalisa Lendaro, CR CNRS Sociologie 4.'Je ne suis pas un collabo' : marges de manoeuvre et contraintes des conducteurs de bus dans le briançonnais. Annalisa Lendaro (CR CNRS Sociologie) et Oriana Philippe (Doctorante Droit et Géographie) Partie 3 Mobiliser le droit en faveur des exilé.e.s (chapeau d’environ 6 000 signes) 1.L'arme du droit et ses coûts : experts et profanes à Calais. Karine Lamarche (CR CNRS Sociologie), Annalisa Lendaro (CR CNRS Sociologie) 2.Dénoncer, faire du plaidoyer, monter un recours. Les registres de la résistance par le droit à la frontière franco-italienne (Vintimille et Briancon). Oriana Philippe (Doctorante Droit et Géographie) et Daniela Trucco (Post-doc Science Politique) 3.Face au pouvoir discrétionnaire de l’Etat aux frontières, adaptations et stratégies des mineurs non accompagné (MNA) et de leurs soutiens. Soline Laplanche-Servigne (MCF Science Politique), Bastien Roland (Doctorant Sociologie) et Thomas Sommer-Houdeville (post-doc Sociologie). Conclusion (environ 25 000 signes) Mobiliser le droit et après ? Faire circuler les expériences de lutte aux frontières, Annalisa Lendaro Postface (environ 15 000 signes), Alexis Spire, DR CNRS. Information sur les auteur.e.s et sur la coordinatrice Coordinatrice : Annalisa Lendaro est chargée de recherches en sociologie politique au CNRS (France). Ses principaux intérêts portent sur les politiques migratoires, leurs applications sur les territoires frontaliers et leurs effets sur les demandeurs d’asile, sur les mineurs non accompagnés, et sur les groupes d’accompagnement à l’accès aux droits (avocats de la cause, juristes bénévoles). En utilisant des méthodes ethnographiques et en s’inspirant des travaux du courant Law and society, ses études essaient de mettre en lumière les processus et les justifications qui transforment le contournement du droit en une pratique ordinaire. Annalisa est la coordinatrice de l’ANR DisPow (2018-2022 https://dispow.hypotheses.org/). Elle est également la responsable pour la France du projet MiCREATE – Migrant Children and Communities in a Transforming Europe (programme Recherche et Innovation H2020, volet Migration et Intégration, jan. 2019-juin 2022 => http://www.micreate.eu/). Auteur.e.s : Les courtes biographies des contributeur.e.s sont consultables via le carnet Hypothèses du projet DisPow => https://dispow.hypotheses.org/category/lequipe-de-recherche Pages personnelles : •Bénédicte Michalon : https://www.passages.cnrs.fr/membres/nom/benedicte- michalon/ •Camille Guenebeaud : https://ladyss.com/guenebeaud-camille •Hourya Bentouhami : https://transmis.hypotheses.org/hourya-bentouhami •Karine Lamarche : https://www.univ-nantes.fr/karine-lamarche-1 •Soline Laplanche-Servigne : http://www.ermes-unice.fr/?q=node/291 •Daniela Trucco : https://www.efrome.it/les-personnes/membres-et-personnel- scientifique/personne/daniela-trucco •Mehdi Mezaguer : https://unice.fr/medias/fichier/cv-mehdi-mars- 2022_1647250358354-pdf •Thomas Sommer-Houdeville : https://certop.cnrs.fr/sommer-houdeville-thomas/ •Oriana Philippe : https://migrinter.cnrs.fr/membres/oriana-philippe/ •Bastien Roland : https://dispow.hypotheses.org/357.

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Grandir sa vie durant grâce à l'engagement politique

BC

L’année 2023 a été celle de ma 60ème carte au Parti Communiste de Français. J’ai adhéré au PCF au début du printemps de l’année 1964, quelques semaines avant que Waldeck Rochet ne succède à Maurice Thorez comme secrétaire général de ce parti. J’habitais alors dans le département des Côtes du Nord en Bretagne, dont le nom sera changé en 1990 pour devenir les Côtes d’Armor. J’étais « aide familial » sur une exploitation agricole de 36 hectares à laquelle mes parents avaient accédé comme fermier huit ans plus tôt. Sans être encarté au PCF, je m’étais engagé six mois plus tôt dans le concours d’abonnements que l’hebdomadaire agricole « La Terre », créé en 1937 par Waldeck Rochet, organisait chaque année pour gagner de nouveaux lecteurs parmi les paysans. Sans cette adhésion au Parti Communiste Français, mon parcours de vie aurait été très différent de ce qu’il a été. Commencé en milieu agricole, mon engagement en politique s’est poursuivi quand je suis devenu ouvrier caoutchoutier chez Kléber-Colombes dans la ville du même nom à partir du 16 décembre 1965. Dans cette usine, les communistes éditaient chaque mois un journal imprimé dont le titre était «Le Pneu». Il dénonçait l’exploitation du personnel et faisait connaître les propositions du PCF en faveur d’une amélioration des conditions de travail et d’une meilleure rémunération des salariés, hommes et femmes. Ecrire régulièrement dans ce petit mensuel de quatre pages fut mon école de journalisme durant les 18 années où j’ai travaillé dans cette usine, sans jamais avoir pensé que j’exercerai un jour le métier de journaliste. Ce livre parle de mon parcours professionnel, politique et syndical. Mais je ne l’ai pas écrit dans le but de parler de ma personne. Comme moi, des centaines de milliers d’hommes et de femmes ont décidé un jour d’adhérer au PCF dans la seconde moitié du XXème siècle pour faire reculer les injustices et changer la société. Ils ont milité, et militent encore pour beaucoup d’entre eux, afin d’en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme. Raconter ce que j’ai appris dans mon parcours de militant est aussi une manière de leur rendre hommage. En France, comme dans le monde, beaucoup d’évènements ont marqué mes 60 années de militantisme au PCF. Ce ne fut pas toujours dans le sens que souhaitaient les communistes, loin s’en faut. Pourtant, je n’ai jamais regretté mon engagement, bien au contraire. Il a structuré au fil des ans ma réflexion de militant et de citoyen. Tout au long de ma vie, j’ai rencontré et côtoyé dans ce parti des femmes et des hommes dont le dévouement au service des autres était la véritable motivation, sans rechercher le moindre intérêt pour soi-même. Dans mon département d’origine, je n’ai assisté à qu’a une seule journée d’étude au siège de la Fédération du PCF à Saint-Brieuc entre la date de mon adhésion en mars 1964 et mon départ pour l’Ile-de-France en décembre 1965. Elle était consacrée à la situation du monde paysan et présidée par Edouard Quemper, lequel fut longtemps le premier secrétaire de cette fédération du PCF. En 1996, j’ai lu les « Mémoires » de cet homme né en 1925 à l’Ile-Grande sur la côte nord de la Bretagne, entre la baie de Lannion et Perros-Guirec. Il a vécu jusqu’en septembre 2015 et il avait adhéré au PCF au moment de s‘engager dans la résistance alors qu’il était encore adolescent. Dans le chapitre 17 de ses mémoires, il nous livrait ce sentiment que je partage totalement : « Si ne n’avais pas connu le PCF, ma vie aurait été sans doute insignifiante. Avec le Parti, j’ai appris à devenir un combattant, j’ai appris que rien ne s’obtient sans lutte. Ce ne fut pas difficile car j’en avais le tempérament. J’ai enrichi mes connaissances. J’ai sans doute appris plus que sur les bancs de l’école, en lisant, en discutant, en participant à des conférences, des réunions, qui approfondissaient les réalités de la vie en luttant. Cela ne signifie nullement qu’il faut se désintéresser de l’école, lorsque l’on est élève, lycéen ou étudiant. Mais pour parfaire sa formation d’homme et de citoyen, il faut un complément. Je l’ai trouvé en militant. Cela ne signifie nullement que nous sommes supérieurs aux autres. Il faut toujours apprendre ». Ce ressenti est aussi le mien, après 60 ans de militantisme au PCF et le passage par trois métiers. De même, je me retrouve totalement dans les propos que tenait Henri Malberg, ancien secrétaire de la fédération de Paris, dans «Incorrigiblement communiste», un livre d’entretiens paru en 2014 aux éditions de l’Atelier sur son parcours de militant: « L’engagement tel que je le conçois n’est pas une contrainte, mais une forme de liberté. C’est un formidable atout pour être bien dans sa peau et dans sa tête. Et bien avec les autres. C’est le refus de s’engager qui appauvrit. L’engagement enrichit les personnes et les rend heureuses, c’est le cas pour des millions de gens », lisait-on en page 87. En page 154, Henri Malberg ajoutait à propos des communistes : « Ce sont des femmes et des hommes comme tout le monde, des jeunes, des vieux, des Français et des étrangers , des ouvriers, des ingénieurs des paysans et des profs de fac(...) Nous sommes une forte collectivité de personnes volontaires, associées parce qu’elle veulent travailler à rendre la société meilleure. Des personnes qui cherchent à peser sur les choix de la société. Je suis convaincu que mon parti fait assez bien ce boulot». Personnellement, j’aimais le métier de paysan, son rôle nourricier et ses liens avec la nature. Mais le passage de la ferme à l’usine fut pour moi une nécessité économique, comme pour de nombreux enfants d’agriculteurs quand la mécanisation des travaux agricoles a considérablement réduit les besoins en main d’oeuvre dans les fermes; surtout que la création du marché commun agricole intervint en 1962, introduisant une forte concurrente entre les six pays membres, accentuait la tendance à la mécanisation en réduisant les emplois. Durant mes 18 années d’usine, j’ai consacré beaucoup de mon temps à militer au PCF. Ecrire des articles pour « Le Pneu », coller des affiches, vendre l’Humanité et distribuer des tracts devant la porte de l’usine chaque fois que de besoin; organiser les réunions de cellule, vendre les vignettes pour la fête de L’Humanité. Il y avait toujours quelque chose à faire et on le faisait avec motivation. Il en allait de même à la CGT dont je fus un délégué du personnel, élu et réélu par le vote des salariés du collège ouvrier chaque année de 1967 à 1983, date de la fermeture de l’usine de Colombes sur ordre du groupe Michelin, actionnaire unique de sa filiale Kléber. Quand l’usine a été fermée en 1983 malgré deux années de lutte, les syndicalistes dont je faisais partie furent privés de la moindre proposition de reclassement par l’employeur. Ma pratique rédactionnelle de militant ouvrier m’a alors permis d’obtenir un stage d’été à la rédaction de l’Humanité à la fin du mois de mai sur une proposition faite au journal par la fédération des Hauts-de-Seine du PCF. J’ai été embauché en septembre 1983 à l’issue de ce stage. Six mois plus tard, la Commission d’attribution de la carte délivrée aux journalistes professionnels m’attribuait la mienne sous le numéro 52.622 après étude de mon dossier. Le renouvellement de cette carte s’effectue tous les ans pour les actifs qui restent dans la profession. En juillet 2001, au moment de mon départ officiel en retraite, j’ai demandé et obtenu une carte permanente de journaliste honoraire. Le numéro H 5.382 est alors venu s’ajouter au 52.622 avec les mentions « honoraire » et «carte officielle permanente». Mon choix fut alors de continuer à collaborer de manière libre et bénévole au groupe de presse Humanité sur les dossiers comme l’agriculture, le tourisme, l’environnement et les enjeux climatiques. Au moment où j’écris cet ouvrage, je suis donc journaliste depuis 40 ans dont 22 ans comme journaliste honoraire. Je me suis souvent demandé dans quelle misérable voie professionnelle j’aurais pu m’engager quand l’usine Kléber de Colombes a fermé, si je n’avais pas acquis cette pratique rédactionnelle entre 1966 et 1983. Tout comme mon passé à la ferme, mon long passage en usine a beaucoup contribué à structurer ma réflexion de journaliste sur une grande diversité de sujets. Mes origines paysannes ne sont pas pour rien dans le fait que j’ai obtenu deux prix en 1997 et 1998, tout en n’ayant concouru qu’à trois reprises en tout et pour tout. En 1997, le prix « Artémis » me fut décerné par la Fédération nationale des chasseurs pour un article consacré au biotope du tétras-lyre dans les départements de Savoie et de Haute-Savoie. Le 10 février 1999, de devins le lauréat du « Grand prix du journalisme agricole » 1998 décerné par le jury de l’Association française des journalistes agricoles (AFJA) que présidait alors Alain Rollat, du quotidien Le Monde. Ce fut pour un reportage paru dans l’Humanité du 29 septembre 1998 et titré « La grande solitude du vigneron à l’aube de la vendange ». Il était consacré à Joël Gigou, un homme sur le stand duquel j’avais découvert les vins de Jasnières, lors des salons de vignerons à Paris. Ces vins blancs issus du cépage chenin furent produits dès le Moyen-âge sur des coteaux bien orientés au sud du département de la Sarthe par les moines qui avaient ainsi découvert un bon terroir pour leurs vins de messe. Ce prix me fut ensuite remis par Jean Glavany, ministre de l’Agriculture dans le gouvernement dirigé par Lionel Jospin sous la présidence de Jacques Chirac. J’ai vu dans l’attribution de ces deux prix, décernés par un jury de chasseurs pour l’un, par des membres d’une association de journalistes agricoles pour l’autre, la preuve que le militantisme politique et syndical est également formateur sur le plan professionnel. J’ai aussi connu des militantes et de militants communistes qui ne pensaient nullement devenir maire, député, voire ministre plus tard, quand ils ont été élus pour la première fois dans un conseil municipal. Elles et ils le sont pourtant devenus et ont montré de grandes compétences dans l’exercice de leurs mandats. J’ai toujours fait mien un vieux dicton selon lequel « c’est en forgeant qu’on devient forgeron». Mon parcours professionnel stimulé par le militantisme en témoigne. Depuis que je suis officiellement retraité, je n’ai jamais interrompu mon activité rédactionnelle, à l’Humanité, à La Terre, puis au site Internet de l’Humanité. Parallèlement, je collabore depuis une vingtaine d’années au magazine bimestriel « Vie Nouvelle » qui compte 55.000 abonnées chez les retraités encartés à la CGT. J’ai également rédigé huit essais entre 2008 et 2022. Quatre furent consacrés à l’agriculture, les quatre autres davantage centrés sur les batailles qu’il est urgent de mener pour freiner le réchauffement climatique en cours. Sur ce sujet aussi, l’énorme gâchis que fut la fermeture de l’usine où j’ai travaillé pendant 18 ans m’a fait beaucoup réfléchir. Surtout que les deux usines où furent transférées la quasi-totalité des pneus produits à Colombes jusqu’en 1983 ont été fermées depuis. Ce fut le cas en 2005 pour le site de Sank-Ingbert dans la Sarre et en 2009 pour celui de Toul en Meurthe-et-Moselle. La firme Michelin bénéficiait de salaires trois fois plus bas qu’en Allemagne et en France en transférant la production en Serbie! Depuis ces dates, comme avant, les transferts de productions industrielles et agricoles des pays capitalistes développés vers les pays à bas coûts de main d’oeuvre n’ont jamais cessé. Ils sont déjà en train de repartir vers les pays à très bas salaires avec un bilan carbone désastreux dans le cadre de la conversion à la voiture électrique. Au-delà d’un bilan carbone en forte hausse, cela se traduira encore et toujours par une précarisation constante de l’emploi et de la rémunération des salariés dans un pays comme la France. Notre engagement militant au Parti Communiste Français est indispensable pour combattre ces politiques motivées par la course au profit et pour faire triompher une autre orientation en ce XXIème siècle marqué par l’accélération du réchauffement climatique en cours.

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Guerre dans les djebels

BC

Alors que les envahisseurs français avaient réussi, en 1843, à écraser la résistance tribale dans le Dahra et l'Ouarsenis grâce à des tactiques brutales de brûlis, le régime colonial continuait à craindre que les paysans des montagnes ne se soulèvent dans une insurrection sanglante, une crainte qui s'est finalement concrétisée lors de la guerre d'indépendance de 1954. La géographie de la région du Chelif, avec la relation étroite entre la plaine et la montagne, un "pays de bandits" naturel, offrait des conditions idéales pour la guerre irrégulière et a été choisie par le Parti communiste algérien (PCA) et le Front de libération nationale (FLN) comme redoute pour leurs forces de guérilla. ¹ Les contre-insurgés français, ainsi que les historiens, suivant la formulation maoïste classique du partisan comme un fish dans l'eau, ont perçu les guérilleros comme étant crucialement soutenus par la paysannerie qui fournissait une réserve inépuisable de combattants, de guides, de cuisiniers, de messagers, de guetteurs et de transporteurs muletiers, et transporteurs de mules, et qui en même temps fournissait une connaissance intime ou des renseignements sur la politique quotidienne de chaque famille, ses armes et ses réseaux claniques, et les ressources de l'environnement montagneux, ses pistes secrètes, ses grottes et ses sources.

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Halte aux spoliations

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L'ouvrage se veut une réponse indignée d'un journaliste retraité à la lettre aux Français du président des « privilégiés ». Une courte introduction traite de la publication de cette lettre, le 15 janvier. L'auteur note ensuite qu'Emmanuel Macron réduit le revenu des retraités et des ménages pauvres en priorité. Il en veut pour preuve l'augmentation de la CSG en 2018, mais aussi les 0,3% seulement d'augmentation prévus pour les pensions en 2019 et en 2020, de même que pour les allocations familiales et l'APL . Puis un argumentaire sur les droits acquis via une vie de travail et de cotisations chez les retraités. En même temps, le gouvernement précarise les actifs alors que les privilégiés continuent de s'enrichir. Référence est fait dans ce cadre à l'action des gilets jaunes et à la dénonciation de la compression des salaires qui date de longtemps, tandis que continuent les délocalisations de productions dans les pays à bas coûts de main d'oeuvre

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Histoire d'écrivains insoumis

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En 2018, des militants de La France insoumise à Marseille créent un groupe fonctionnel d’écrivains publics insoumis, dont l’objectif est de faciliter l’accès aux droits sociaux. Régulièrement renouvelé au gré des disponibilités des uns et des réserves des autres, sa composition n’est plus tout à fait la même mais la marque de fabrique demeure Écrivains insoumis. Souvent reconnus, parfois ignorés sinon questionnés, en réalité beaucoup ne comprennent pas exactement les actions engagées. C’est l’objet de ce court opus, écrit à plusieurs mains : en présenter l’origine et relater sa concrétisation. Quel bilan peut-on faire d’une telle activité ? La question la plus saillante est sans doute celle-ci : dans quel cadre politique se situe l’activité des Écrivains insoumis ? Le contact social est une autre façon de faire de la politique à l’heure où la déshumanisation touche notre société. Nous avons cherché à concrétiser le titre du programme de La France insoumise, L’Avenir en commun.

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Imbrication

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Iran : De l’exil des élites à l’exil populaire

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Israël, le Hamas et la question de Palestine

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Israël, le Hamas et la question de Palestine. La nouvelle guerre de Gaza s’inscrit dans la longue histoire du conflit israélo-palestinien. La difficile question de l’après est posée pour le peuple palestinien et pour tout le Proche-Orient. Un nouvel ouvrage à paraître bientôt. Dans la longue histoire du conflit israélo-palestinien, c’est la première fois qu’une phase de guerre prend une telle intensité avec autant de victimes et de destructions, avec un tel niveau de problématiques éthiques et politiques. Les crimes de masse, les prises d’otages et les horreurs perpétrées le 7 octobre 2023 par le Hamas, majoritairement contre des civils, ont stupéfié les opinions publiques et suscité une très large et légitime condamnation dans le monde. Les morts par milliers sous les bombardements indiscriminés d’Israël, la décision d’un siège complet de Gaza, l’usage d’armes interdites (munitions au phosphore), le ciblage de journalistes et de personnels de l’humanitaire... ont provoqué émotion et indignation. Devant un tel déchaînement de violence, dans la consternation internationale, les mobilisations et les appels à un cessez-le-feu immédiat se sont multipliés, avec même des mises en garde de pays alliés quant aux éventuelles répercussions politiques et sociales négatives. Cet ouvrage veut apporter des faits, des clarifications et une approche critique afin de contribuer à la compréhension des événements et de leurs conséquences, de leurs causes ou origine, des stratégies des uns et des autres, et des responsabilités. C’est une approche nécessaire pour être en capacité de mesurer la nature des réponses politiques et des solutions à construire, dans un contexte de haute complexité... et de risques très élevés. Comprendre qu’elle issue est encore possible dans une telle situation, malgré le niveau des antagonismes, exige un effort d’analyse auquel ce livre, écrit alors que les combats font toujours rage, veut apporter une contribution pour la réflexion et le débat. Jacques Fath Spécialiste des relations internationales, chercheur indépendant.

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Jean-Michel Blanquer, l’Attila des écoles

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Un autre que lui aurait-il fait mieux, confronté aux incertitudes de la pandémie, au confinement, aux informations contradictoires des savants sur le masque et la contamination ? Ce n’est pas certain. L’Histoire nous apprendra un jour quel était l’état des relations au sein du Gouvernement, et nous découvrirons peut-être que des tiraillements, ou même de sérieux conflits, voire avec le Premier ministre ont mobilisé l’énergie de Jean-Michel Blanquer et expliquent bien des hésitations, des annonces sans effets, des volte-faces. Mais le résultat est là, l’excellent communiquant a perdu à la pandémie, la bataille de l’opinion publique. Ses déclarations pleine d’assurance, qui emportaient la conviction, sont apparues pour ce qu’elles étaient, des fanfaronnades et des improvisations. Un jour, veille de fermeture des écoles, collèges, lycées, tout est prêt et la continuité pédagogique assurée, le lendemain, quand rien ne marche, c’est la faute de l’étranger et des collectivités territoriales

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L'Algérie 2019-2020. Le peuple insurgé

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Que se passe-t-il en Algérie depuis une année ? De quelle nature est le mouvement populaire (Hirak) qui a surgi le 22 février 2019 ? Quelles contradictions le traversent ? Quelles raisons immédiates ont causé son apparition et quelles en sont les origines profondes ? Qu'a-t-il obtenu et que lui reste-t-il à conquérir ? Quels effets a-t-il produits sur le pouvoir et la société ? Comment a évolué le rapport de force entre les protagonistes ? Quels sont les principaux enjeux politiques actuels ? Le régime libéral autoritaire qui a imposé Abdelmadjid Tebboune à la tête du pays veut-il et peut-il se contenter de ravaler sa façade démocratique ? Le Hirak peut-il lui imposer une transition démocratique ? Celle-ci passera-t-elle par l'élection d'une Assemblée constituante ? Le combat du Hirak mènera-t-il à une démocratie parlementaire ultralibérale insérée en position dominée dans la globalisation capitaliste mondiale et dans l'ordre impérialiste régional ?

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L'automobile et le supermarché

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L'intérêt porté ici conjointement à l'automobile et au supermarché a pour ambition de réfléchir à l'évolution de nos modes de consommation depuis cinquante ans. La particularité de l'objet automobile est d'entretenir tous les fantasmes, le premier d'entre eux étant de pouvoir circuler librement. Si l'automobile recouvre un certain nombre de fonctionnalités, il n'en demeure pas moins qu'elle implique aussi certaines contraintes. Associer l'automobile à la consommation est devenu un acte d'une évidence déconcertante, le consommateur moderne ne pense plus son rapport à l'achat de produits courants, dont l'alimentation, qu'au travers d'un déplacement en véhicule à quatre roues (automobile ou chariot libre-service en grande surface d'ailleurs)

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L'École discrimine-t-elle ?

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L’ÉCOLE DISCRIMINE-T-ELLE ? Le cas des descendants de l’immigration nord-Africaine La discrimination s’est constituée comme un fait majeur au cours des dernières décennies dans différents pans de la société comme l’accès à l’emploi ou au logement. Cet ouvrage est consacré à la discrimination dans le domaine scolaire encore peu explorée. Il s’attache centralement à une population particulière celle des descendants de l’immigration nord-Africaine. L’ouvrage revient globalement leur rapport à la société française sur plusieurs générations en soulignant les entraves à la reconnaissance d’une citoyenneté française pleine et entière. L’école est précisément le lieu où se joue ces processus de reconnaissance ou au contraire d’exclusion et de discriminations. L’ouvrage montre que si l’école ne discrimine pas de façon systématique les élèves descendants de l’immigration nord-Africaine, se produisent bien en revanche en son sein des mécanismes discriminatoires qu’il s’agisse des expressions de racisme entre élèves, parfois entre enseignants et élèves, des mécanismes d’orientation biaisés par l’origine migratoire, ou encore des processus de ségrégation scolaire inter et intra-établissements qui par leur ampleur s’assimilent à des pratiques discriminatoires. Constituent ainsi des discriminations scolaires tous faits actes ou décisions de nature à porter atteinte à la dignité et à l’intégrité des élèves comme de leurs parents et d’exercer une influence potentiellement préjudiciable sur les trajectoires scolaires. L’ouvrage interroge ainsi la capacité de l’école à faire monde commun, dans un contexte où la transmission des valeurs républicaines à l’école est en crise. Il dresse ainsi un état des lieux pour une école plus égalitaire, moins marquée par les rapports d’altérité qui la traversent et la fragmentent, et globalement plus respectueuse du droit de l’éducation. Choukri Ben Ayed est professeur de sociologie à l’Université de Limoges, membre du GRESCO (Groupe de Recherches Sociologiques sur les sociétés Contemporaines). Il est l’auteur notamment des ouvrages : Grande pauvreté, inégalités sociales et école. Sortir de la fatalité (dir), Paris, Berger-Levrault, 2021, La mixité sociale à l’école : tensions, enjeux, perspectives, Paris, Armand Colin, 2015, École : les pièges de la concurrence. Comprendre le déclin de l’école française (coord avec Sylvain Broccolichi et Danièle Trancart), Paris, La Découverte, 2015, L’école démocratique. Vers un renoncement politique ? (dir), Paris, Armand Colin, 2010, Le nouvel ordre éducatif local. Mixité, disparités, luttes locales, Paris, PUF, 2009

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L'écologie populaire face au grand confinement

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La crise du coronavirus a été une répétition générale de l'effondrement qui vient. Celui-ci sera le produit d'une combinaison de crises, économique, sociale, sanitaire, écologique et climatique. Comment empêcher le capitalisme de catastrophe de nous emmener droit dans le mur ? Ce recueil rassemble les éditoriaux publiés par Pour une Écologie Populaire et Sociale (PEPS) durant la crise sanitaire. Dans les parties suivantes, on trouvera des contributions plus développées, diverses déclarations du mouvement Pour une Ecologie Populaire et Sociale. Ce mouvement confédéraliste de l'écologie de rupture souhaite rassembler toutes ses composantes (éco-socialisme, décroissance choisie, éco féminisme, écologie populaire, écologie décoloniale, écologie sociale communaliste). L'écologie de rupture propose une nouvelle alliance, celle d'un Front populaire écologique qui repose sur l'autonomie sociale et l'émancipation collective.

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8.00 €

L'espace des mouvements sociaux

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L'intérêt général n° 5

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Ce numéro de la revue fait intervenir chercheurs, journalistes, élus, militants, écrivains - dans une perspective pédagogique (articles courts et abordables, infographies, bibliographie...) et politique. La perspective est critique : on cherche à saisir la société de consommation dans ses multiples figures, à éclairer ses ressorts (exploitation des producteurs, manipulation publicitaire...), et ses effets, souvent délétères (pathologies, pollutions...). Mais elle s'efforce aussi d'identifier des issues, des alternatives, des contre-modèles. - Un article de Jean-Luc Mélenchon sur crise & consommation - Un entretien avec François Ruffin (« Consommer mois, répartir mieux ») - Un large tour d'horizon/un point sur la question, en une trentaine d'articles des objets, des tons et des cadrages variés des textes accessibles à tous, curieux et militants.

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5.00 €

L’aventure humaine et industrielle de la sidérurgie algérienne

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Il y a plus de 50 ans, au lendemain de la guerre d'Algérie, de jeunes Algériens se sont engagés, enthousiastes mais sans beaucoup d'expérience, dans le développement de leur pays. Ils avaient effectué des études supérieures dans les conditions difficiles de la guerre d'Indépendance, et souvent milité pour la libération de leur peuple. Des Français de leur âge fraîchement diplômés de l'enseignement supérieur, et quelques autres, plus expérimentés, se sont joints à eux. La Société nationale de sidérurgie (SNS), où ces hommes se sont retrouvés, a été le lieu d'une aventure technique et humaine remarquable : l'édification en moins de vingt ans (de 1964 à 1982), d'un secteur sidérurgique qui devait assurer le développement d'un pays déstructuré, affaibli par la guerre, et sans passé industriel : on y coulait de l'acier, fabriquait des tubes, étamait des tôles fines, couvrait le marché intérieur de produits sidérurgiques, et formait des milliers de cadres et de travailleurs qualifiés.

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L’Écologie Politique du Commun du Peuple

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Ce livre avance une thèse contre-intuitive : les atteintes modernes à l’équilibre écologique global découlent exclusivement de processus de domination sociale. Il en suit la proposition converse : la lutte écologique pour la préservation et la restauration de la nature n’est rien d’autre que la lutte sociale pour l’émancipation. Si l’on peut démontrer qu’il en est effectivement ainsi, une conclusion s’impose : pour ouvrir un chemin au milieu du désastre, on ne peut compter sur rien d’autre que sur la convergence universelle des forces engagées pour une extinction des dominations de classe, de nation ou de genre. C’est en ces termes que s’énonce la politique écologique du «Â commun du peuple » du monde.

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L’époque des solidarités

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La protection, la sécurité et la prévoyance sociales, l’encadrement du travail par la loi et les politiques patronales, les consensus et les rapports de forces entre les organisations professionnelles, sociétales ou territoriales et les politiques d’Etat, l’action des communes et des associations locales et nationales délimitent un espace essentiel des sociétés issues de la grande transition démographique, économique et urbaine. La globalisation fait entrer de nouveaux états dans cet univers, mais il est de longue date pensé à l’échelle de la planète. Délimité par des normes et des besoins jugés majeurs à chaque époque, travaillé par des professions spécifiques, ce champ du social est celui d’une politique parmi d’autres, mais aussi la terre nourricière de la légitimité des pouvoirs en place : c’est là que se construit la vie et que la société est rendue possible. Au coeur d’une époque, cet édifice est aujourd’hui face à une nouvelle mutation de l’essentiel humain : effritement du patriarcat et crise environnementale, remise en jeu des consensus sociaux au nom d’une liberté économique qui creuse de nouvelles discriminations. Souvent, le monde militant voit ces bouleversements comme le mouvement d’un curseur sur le chemin d’un progrès linéaire vers un avenir dont on se rapproche ou s’éloigne au gré des luttes, tandis qu’une littérature universitaire récente mais foisonnante décrit avec minutie l’histoire de chacune des composantes de ce terrain de recherche. Parmi les plus jeunes, le monde est souvent perçu comme fractionné entre hier et demain. Les professionnels du social, pour leur part, tentent de renouer le lien entre l’effort quotidien et un projet collectif parfois bien évanescent. L’opinion est engagée par les médias à des démarches comparatives entre nations, ignorant souvent les spécificités de chacune. Par-delà l’image chatoyante et changeante de ce qu’on pourrait désigner selon le mot du précurseur Léon Bourgeois comme l’époque de la «solidarité», ce petit manuel voudrait aider le lecteur à trouver dans l’épaisseur des derniers siècles des cohérences, des repères, le fil synthétique d’une histoire et des raisons d’agir et d’espérer.

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L’État et la toile

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Alors que se multiplient les initiatives de régulation des GAFA, l’ouvrage offre un retour historique utile sur l’évolution des politiques numériques et les premières expérimentations de régulation de l’internet : il permet de mettre en perspective les projets gouvernementaux et offre plusieurs prises conceptuelles pour les analyser. La forte saillance des sujets du numérique au sens large dans l’espace public– des big data à l’intelligence artificielle – pourra plus généralement contribuer à l’attention sur l’ouvrage. L’ouvrage se veut d’abord à destination des étudiants et chercheurs en sciences sociales, issus de disciplines aussi diverses que la sociologie, la science politique, l’histoire, le droit ou les sciences de la communication. L’enquête dont il est issu a aussi été présentée devant des publics non-universitaires : journalistes, membre d’associations, fonctionnaires et acteurs numériques ont manifesté un grand intérêt pour la publication d’un tel ouvrage.

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L’État social à distance

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Cet ouvrage présente les résultats d’une enquête empirique portant sur le rapport aux administrations des classes populaires rurales. Il s'adresse toute personne intéressée par l’analyse des effets de la dématérialisation sur l’accès aux droits sociaux. L’utilisation des outils numériques est de plus en plus répandue dans les administrations de l’État social. Alors qu’ils sont censés simplifier les démarches d’accès aux droits et lutter contre le non-recours, ils produisent, en pratique, des effets inverses à ceux escomptés. Ceci est d’autant plus problématique en milieu rural, où la dématérialisation s’accompagne de mouvements de retrait de l’État. Or, loin des centres urbains, les classes populaires sont confrontées, plus qu’ailleurs, aux effets des crises économiques et sociales, précarisant leurs conditions de vie et accroissant leurs dépendances vis-à-vis des droits sociaux. Cet ouvrage donne à voir en quoi les réformes de dématérialisation entravent l’accès aux droits sociaux des classes populaires rurales. Reposant sur une monographie, l’enquête menée retrace leurs parcours d’accès au minimum social (le RSA, Revenu de solidarité active). Observant ce qui se joue en amont des guichets, elle met en évidence qui parvient à accéder à une prise en charge administrative et qui n’y parvient pas. L’un des principaux résultats est de montrer que, à rebours des discours politico-médiatiques portant sur l’assistanat et la fraude sociale, avant de devenir bénéficiaire du RSA, les demandeurs font l’objet de mécanismes de tris et de sélection. Ces mécanismes sont le résultat des normes imposées par les fonctionnements administratifs : normes de déplacements urbains, qui impliquent le franchissement de distances spatiales et sociales ; normes administratives, liées à la division du travail de l’accès aux droits et à la délégation d’une part des tâches aux demandeurs ; ou encore normes de comportement, liées aux représentations de ce qu’est un « bon » ou un « mauvais » pauvre. Dès lors, pour accéder au RSA, il faut suivre des chemins du droit au cours desquels on apprend à devenir un bénéficiaire de l’État social. Ce sont alors les plus précaires qui parviennent le plus difficilement à faire valoir leurs droits. Ainsi, cet ouvrage éclaire la manière dont l’action publique peut se transformer en un mécanisme de renforcement des inégalités sociales.

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L’expropriation de l’agriculture française

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L’agrandissement et l’intensification incessants des exploitations agricoles sont très connus mais leur explication demeure parcellaire. Partant du rapport étroit entre agriculture et capitalisme dans la France contemporaine, nourri par de nombreuses années de recherches et des données inédites, cet ouvrage saisit les mécanismes qui commandent les transformations que connait le monde agricole français en analysant les configurations de pouvoirs qui gouvernent ce procès social. Une telle perspective révèle que le régime d’accumulation – profondément inégalitaire – qui accable les agriculteurs français est porté par différentes forces sociales situées au sein du syndicalisme agricole dominant et des entreprises alimentaires, mais aussi de la haute-fonction publique, des cabinets ministériels et des partis. Faire une telle démonstration, c’est aussi poser les jalons d’une économie politique du capitalisme générale mêlant économie politique hétérodoxe, science politique et sociologie.

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L"invention du Sahel

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Le Sahel est une catégorie, comme toutes les catégories qui s’appliquent à l’Afrique, ethniques et géographiques entre autres, qui semble aller de soi. Evoquant les famines et les sécheresses des années 1970, les révoltes et insurrections qui se produisent dans toute cette zone depuis des décennies, le Sahel est vu avant tout comme une terre dangereuse. Peut-être en va-t-il ainsi parce qu’il s’agit d’une catégorie instable, hybride, intermédiaire entre le désert et la savane, entre le nomadisme et la sédentarité, entre des populations « blanches » (Touaregs, Maures), des populations « rouges » (Peuls) et des populations « noires », entre l’animisme et l’islam. Impossible donc de définir de façon stricte ce qu’il en est du Sahel, de ses limites, de ce qui le caractérise en propre. Il s’agit d’une notion totalement arbitraire qui ne doit son existence qu’à la consolidation que lui ont fait subir un certain nombre de savants coloniaux et dans la foulée des écrivains et des cinéastes africains dont le plus célèbre d’entre eux est Mohamed Mbougar Sarr, lauréat du prix Goncourt 2021 pour son roman « La plus secrète histoire des hommes ». L’hypothèse de ce livre est donc que les problèmes de ce qui forme aujourd’hui le Sahel (en particulier la défaite de l’armée française) sont en grande partie le résultat d’une représentation figée de cette région géographique d’Afrique de l’ouest. Points forts : invention coloniale du Sahel, critique des « intellectuels de cour » sahéliens, critique la littérature sahélienne comme porteuse d’une attitude pro-soufie, pro-animiste islamophobe, fémo et homonationaliste. Bio-bibliographie Anthropologue, Directeur d’études émérite à l’EHESS, ancien rédacteur en chef des « Cahiers d’études africaines », spécialiste du Mali et de l’étude de l’ethnicité, de l’identité et du métissage. Principaux ouvrages Au coeur de l’ethnie : ethnies, tribalisme et État en Afrique, avec Elikia M’Bokolo, La Découverte, 1985, rééd. La Découverte poche, 1999. Logiques métisses : anthropologie de l’identité en Afrique et ailleurs, Payot, 1990, rééd. 1999. Vers un multiculturalisme français : l’empire de la coutume, Aubier, 1996, « Champs », 2001. Branchements. Anthropologie de l’universalité des cultures, Flammarion, 2001, « Champs », 2005. L’Occident décroché. Essais sur les postcolonialismes, Paris, Stock, 2008, Fayard/Pluriel, 2010. Rétrovolutions. Essais sur les primitivismes contemporains, Paris, Stock, 2010. Avec Souleymane Bachir Diagne, En quête d’Afrique (s). Universalisme et pensée décoloniale, Paris, Albin Michel, 2018.

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