L'ombre de Kate
BB
Un bébé sur un quai de gare que serre sa maman sur son coeur, un père qui repart à la guerre en 1916, après une courte permission donnée pour la naissance de son enfant, puis une explosion, le désastre, la mort. Cet homme nié est le grand-père de Colette Pourroy, dont le fils sidéré, privé de mots, devint mutique. Rien n’aura été transmis que le silence, qui réunit dans la séparation, et la douleur qui mènera à soixante-treize ans une veuve vers le suicide par noyade, la bouche remplie de l’eau létale de l’histoire du crime de son siècle. L’appareil photographique de la petite-fille ne cessant, livre après livre, d’interroger sa généalogie familiale, est une fabrique de fantômes, une chambre d’écho pour une parole absente. Un cahier est ouvert sur un fauteuil au tissu élimé, l’écriture est encore lisible, mais les noms sont recouverts de suie. Dans son dialogue intérieur avec l’indicible, Colette Pourroy interroge le néant. Le grand-père, qui était ingénieur et sculpteur avant d’être un soldat vaincu de vingt-neuf ans, avait sculpté deux mois avant sa mort un coupe-papier en forme d’obus surmonté d’un trèfle à quatre feuilles taillé dans du laiton doré. Fidèle à son aïeul, Colette Pourroy, rejouant dans le tarot de ses vingt-deux images les signes du destin, invite un rite d’exorcisme pour transformer le mal en illuminations discrètes. Des draps froissés rassemblés en vortex de rose monte l’espoir d’un hosannah. Fabien Ribery (extrait)
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25.00 €
Le Geste D'Agata
BC
"Le geste d'Agata entreprend de saisir les modes d'apparition et de présence d'une oeuvre photographique et filmique singulière, vécue par son auteur comme un corps à corps avec le monde. De cette confrontation radicale l'oeuvre d'Antoine d'Agata fait un acte politique, dont la violence et la lucidité lui font toucher la « vie nue » d'une humanité dans les marges aux prises avec la brutalité, la vulnérabilité et le désir. S'appuyant sur des entretiens inédits non publiés, l'ouvrage fait corps avec la parole et le geste d'Antoine d'Agata pour proposer une forme d'écriture au plus près et au plus vif de ce qui meut l'acte créateur profondément politique de cet artiste contemporain.
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17.50 €
Le Mucem, Musee Des Civilisations De L'Europe Et De La Mediterranee
BB
Provisoirement indisponible
25.00 €
Le Seuil
BC
« Le Seuil parle de la rencontre de l’être humain avec le monde extérieur dans une situation d’isolement causée par une pathologie. Il aborde les rapports entre oubli/mémoire, corps/identité et traduit l’expérience d’une perception modifiée de soi et du monde. Comment rendre compte de l’inquiétante étrangeté à soi et au monde que la maladie m’a révélée ? Comment l’expérience vécue influe-t-elle la perception et le regard ? En 2015, une tumeur cérébrale m’est diagnostiquée suite à une crise d’épilepsie et au coma qui s’en est suivi. Confrontée à un bouleversement des rapports à ce corps devenu étranger, cette pathologie a entraîné une remise en question de ma relation au monde et aux autres. Les images de ce projet ont été réalisées entre 2015 et 2018 en France, principalement à Marseille, après une intervention chirurgicale, durant la période d’hospitalisation et tout au long des traitements médicaux. Ce travail combine photographies, dessins et images scientifiques réappropriées.
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25.00 €
Legends, The Living Art Of Risque
BB
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39.00 €
Lost Shadows
BB
En Camargue, Marco Rigamonti a rencontré un monde premier, l’eau et la terre épousant leurs intensités sous un ciel de lumière pure. Les paysages qu’il contemple sont silencieux. L’homme est passé par là, qui disparaîtra plus vite que la forme des lieux. Percevant les correspondances entre les objets façonnés et le territoire qui les porte, le photographe aborde l’espace comme on le respire, calmement, les poumons se remplissant d’air, puis se vidant. Ses images sont ainsi dépouillées d’affects faciles ou de sentimentalité, la psychologie étant le plus souvent une taie entre le regardeur et les scènes qu’il reçoit. Au pays des manades, Marco Rigamonti propose un voyage dans l’ocre et la grâce de toute présence, entre allègement du moi et solennité très ancienne. Il y a dans ses rectangles de vision de la gravité, mais aussi de l’absurde et de l’humour spontané, sans moquerie. L’émouvante intimité des choses y rencontre le saugrenu, ou l’incongru, et l’éclat de la vérité de ce qui est, simplement baigné de soleil, la malice du spectateur. On entre en ses photographies comme on pénètre dans une arène sans savoir d’où viendra l’animal qu’il nous faudra affronter dans un combat plus spirituel que physique. Les signes de la culture camarguaise sont montrés, entre sentiment de survivance de l’ethos d’un peuple et surprise d’advenue. Si l’on perçoit ici de l’oisiveté, ce n’est pas au sens du vice que déploraient nos grands-mères, et les affairés du Spectacle tournant sans fin dans le vide, mais au sens du souci du soi des Antiques, cette sagesse dans l’approche du temps et des corps jetés dans l’impermanence. C’est une attente sans drame sous la brise chaude, ou les rayons de plomb, une conscience de la maturation nécessaire pour que chaque entité – végétale, animale, humaine - arrive à son terme en développant le meilleur de son suc. Marco Rigamonti a photographié un Far-West français à la fois drôle et sauvage, ouvert à tous les êtres ayant su préserver leur part d’indocilité, leur liberté, leur grain de folie. La Camargue qu’il révèle, sèche et recouverte d’eau séminale, est une puissance, un royaume camarade pour les solitaires, un désert où affronter, front droit, la Camarde. Dans le dialogisme de ses images, un tuyau d’arrosage est bien plus qu’une ligne de caoutchouc serpentant dans le sable, c’est aussi, dans la conversation secrète des formes, l’arcature surplombant une fontaine en construction, le rail d’un train fantôme, ou la courbe délicieuse d’un tobogan. S’il est identifiable sur une carte de géographie, l’espace qu’arpente l’artiste italien est aussi de l’ordre d’une cosa mentale peuplée de signes pouvant paraître étranges pour les non-initiés, comme des archétypes sibyllins. On peut penser à la peinture métaphysique de Giorgio De Chirico, et à la sensation troublante d’un monde de pure autonomie échappant à la causalité ordinaire. En ces territoires de sable et de poussière, des Aliens débarqueront peut-être, les tables de pique-nique arachnéennes n’étant d’ailleurs pas sans rappeler tel épisode fameux de La Guerre des étoiles. Par petites touches et décalages de détails, presque imperceptiblement, Marco Rigamonti nous fait entrer dans une fiction où un homme torée une camionnette, et où les éléments de la réalité semblent concourir à la construction d’un vaste trompe-l’oeil. Plane en ce pays unique, et rempli d’artefacts, une âme taurine gigantesque, comme si le moindre acte, la moindre scène, était regardée par qui a déjà été soumis au combat ultime, et l’a perdu. Voyant défiler les grandes étapes de son cadre familier, le bel animal trépassé prend le temps, luxe pour une noble bête à cornes élevée pour la lutte - mais l’éternité n’est pas pressée -, d’aller flâner du côté de Piémanson, de ses caravanes parfois éventrées, de ses pirates, de ses baigneuses graciles et de ses touristes égarés. Par la stupeur sereine de ses images, et leur douce ironie, le photographe affirme qu’il n’y a pas de pureté identitaire, mais un jeu, certes sérieux, intime, avec les codes de l’appartenance, ce qui ne peut que réjouir. Faulkner l’écrivait : « Le temps ne passe pas, il n’est même pas passé. » Fabien Ribery
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39.00 €
Mai 68 - Etat Des Lieux
BB
Bilingue français / anglais « Mai 68, ce sont bien sûr les événements qui vont enflammer la France, mais c'est aussi la naissance d'un photographe important dont, à l'époque, les images ont été à peine vues et publiées. Le 4 mai, Claude Dityvon est déjà dans la rue pour aller photographier son Mai 68. Il photographie pour lui, il se fait son album personnel, il suit le mouvement, il improvise, il accompagne, ne cherche pas à être sur les moments chauds et médiatiques, « il accumule les images des entre-deux, les temps significatifs mais peu spectaculaires. Il veut donner à voir ce qui est entre les choses ». Il ne travaille pour aucun support, et, loin d'un Caron qui produira des images précises et iconiques, Claude Raimond-Dityvon, lui, proposera une « antiphotographie de presse ». Comme il le disait : « Je me permettais toutes les audaces, flou, bougé, gros plan. Je photographiais en toute liberté, sans aucune contrainte. » Il affirme un ton, une manière de voir et crée « une écriture visuelle ».
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33.50 €
Marseille Vue Des Grues
BB
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35.00 €
Max Pam
BC
Deux voix, deux personnes qui se rencontrent, qui s'entretiennent, qui se connaissent depuis longtemps. Max Pam, photographe Australien et Bernar Plossu son ami, grand photographe français. Max Pam (né à Melbourne en 1949) est un photographe australien. Son oeuvre majeure est Going East, récit photographique de ses voyages en Asie durant les années 1970 et 1980. Adolescent Pam durant l'après-guerre vit dans une banlieue de Melbourne qu'il trouve sombre, oppressante et culturellement isolé. Il trouve alors refuge dans la contre-culture du surf et produit desimages pour le National Geographic et Surfer Magazine, il décide alors de voyager.
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19.50 €
Maydan, Hundred Portraits
BC
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29.00 €
Misses Jones
BC
Des portraits de femmes en prison. En milieu carcéral, le costume de scène introduit tout un champ esthétique, poétique et symbolique qui rend possible une nouvelle apparence aux antipodes des stéréotypes de la femme détenue. Dans une perspective critique de l'ordre et des codes établis par les schémas de mise à l'écart, la parure permet de créer une position d'émancipation et de subversion. La mise en scène volontairement valorisante crée des images-avatars qui interrogent la représentation et sa relation à l'identité. Elles déçoivent les attentes de l'imagerie collective des femmes détenues. La magnificence du costume permet cette transformation et désigne à proprement parler le personnage, dont l'identité sociale est reconnue au premier coup d'oeil. Avec leur accord, à visage découvert, ces détenues quittent leurs habits de non-personnes, de non vie sociale. Elles brouillent les cartes et révèlent un autre possible.
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32.00 €
Northern Silence
BB
L’océan Arctique, illuminé par la pleine lune ou par des aurores boréales aux couleurs dansantes. Un aigle royal sur un rocher, ou la mer de Barents, comme une aigue-marine brillante posée sur une neige blanche et éblouissante. Il est difficile de ne pas s’abandonner au spectacle grandiose de cette nature, et le Finnmark, dans le nord de la Norvège, ne manque pas d’interprètes photographiques. Cato Lein, qui a grandi dans le minuscule village de pêcheurs de Båtsfjord, sur la péninsule de Varanger qui se trouve au bout de la toundra russe et du Gulf Stream, n’était d’abord que peu convaincu par sa contribution en tant que photographe. L’entassement des clichés de cartes postales a imposé une forme de silence en lui – une peur d’avoir perdu le contact avec l’esprit du lieu. Ce n’est qu’après avoir travaillé comme photographe pendant plusieurs années à Stockholm qu’il s’est trouvé prêt à affronter à nouveau le paysage du Finnmark, cette fois avec son expression et son esthétique propre. Il a également décidé d’arpenter la région samie du Finnmark intérieur, qui lui était totalement inconnue. Les images de Northern Silence ont été prises sur une période de vingt-cinq ans, du milieu des années 1980 à 2012, mais ce n’est que récemment qu’elles ont pu être traitées dans l’une des rares chambres noires accessibles à Stockholm. À l’exception de la puissante photographie panoramique d’un bateau naviguant sur le fjord qui mène à son village natal, la fougue du photographe est contenue. L’ambiance se fait terne, déployant une opacité qui rappelle plus les contrastes marqués de la photographie documentaire sociale que ceux des paysages classiques. Dans Northern Silence, Cato Lein a articulé sa propre histoire au-delà des clichés de soleils de minuit et de rennes face à des horizons flamboyants. La coïncidence joue un rôle important, notamment du fait du négatif hypersensible de l’appareil polaroid, qu’il faut immédiatement protéger après la prise de vue. Lorsqu’il se promenait avec son trépied au fil du paysage, il gardait les cartouches de film dans un sac près de sa poitrine pour éviter que la gélatine ne gèle. De temps en temps, un bref moment d’inattention faisait coaguler la couche réactive du film. Une rare fois, l’émulsion du négatif a au contraire été endommagée par une eau trop chaude. L’image des ronces des tourbières couvertes de fleurs blanches, avec sa lumière blessée, montre une délicatesse inattendue. Dans une autre image, alors que le papier était vraisemblablement resté collé dans l’émulsion, l’oeuvre présente ses qualités graphiques. Le paysage du Finnmark n’est plus le même que lorsque Cato Lein a grandi. Au cours des cinquante dernières années, il s’est réchauffé et la toundra est sur le point de disparaître. Sur les montagnes de granit dénudées du passé, la mousse pousse maintenant et les bouleaux arctiques ont été remplacés par des arbres élancés. Le livre capture ce paysage transformé, avec son imagerie saisissante et sombre qui se déploie au fil des doubles pages. Sophie Allgårdh, Stockholm
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39.00 €
Nunc Stans, La Sainte-Victoire
BC
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25.00 €
Odysseia
BB
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32.00 €
Paolo Roversi par Christian Caujolle
BC
Si on le connaît surtout pour ses photographies dans le domaine de la mode, Paolo Roversi n’est surtout pas photographe « de » mode. Ce grand connaisseur de la photographie – qu’il collectionne avec un goût très sûr –, cet amateur, au plus beau sens du terme, de livres qui, dès sa jeunesse l’ont familiarisé avec les classiques comme avec les auteurs de sa génération, est photographe, tout simplement. Il considère chaque photo comme un « portrait », qu’il s’agisse d’un visage, d’une robe, d’un paysage ou d’une cafetière, et affirme sa passion pour August Sander, Diane Arbus ou Richard Avedon. Et évidemment Robert Frank dont il fut proche. Simplement parce qu’il cherche à « placer au centre du monde » ce qu’il photographie, qu’il s’efface pour pouvoir éliminer et épurer au maximum. Avec une grande élégance. Au début, cela n’a pas été facile. Le COVID 19 nous a empêchés de nous voir en face à face et nous avons dialogué par écrans interposés, ce que ni l’un ni l’autre n’aimons et qui ne se prête guère au type d’échange qui est la règle, la base et le fondement de ces discussions. Dès la première rencontre physique sur la terrasse du Studio Luce et malgré l’intempestif passage d’un hélicoptère, la parole est devenue plus fluide. D’autant que le lieu est accueillant, que le studio, dans un immeuble des années trente au sud de Paris fait cohabiter espaces de vie et de travail. Comme une évidence. Retrouvailles complices, échanges, partage. Et toujours cette bonne humeur élégante, ce sourire qui plisse au coin des yeux, ce rire fréquent et jamais haut, cet humour léger, une façon de ne pas se prendre au sérieux, une forme de prédestination au bonheur comme une décision de vie. On sent à chaque instant une exigence, par nécessité et, tout aussi forte, l’indispensable liberté qui ouvre les portes. Le rythme est souple, musical, à la fois ferme dans ses convictions et jamais arrogant. Français parfait et précis pour le plus italien des parisiens, ou, peut-être, le plus parisien des italiens. Peu importe, d’ailleurs. Oui, une évidente élégance. Comme, plus tard, dans son appartement lumineux au dernier étage d’un bel immeuble. Un univers habité, ni en désordre ni vraiment rangé, surtout pas arrangé. Un monde de livres, dès l’entrée et dans presque toutes les pièces. Des livres de tous types, poésie, roman, philosophie, littérature, photo évidemment, livres d’art et de remarquables exemplaires reliés de belles éditions anciennes– vu une originale de Paul et Virginie, un ouvrage de 1776 sur l'Italie avec des aquarelles magnifiques ou un exemplaire des Œuvres complètes de Jules César – qui viennent de son épouse, Laetitia, ancienne top model descendante des imprimeurs typographes Firmin Didot. Un monde de photographies, partout, dans toutes les pièces, au mur ou sur des rangements en bois à croisillons. Peu de photographies du maître des lieux, finalement, mais beaucoup de pépites, de Robert Franck – beaucoup - à Diane Arbus – dont le si rare autoportrait enceinte – à Kertész – un petit tirage inédit d’une vue de Paris –, plusieurs Shoji Ueda ou Louis Faurer. Et tant d’autres, mêlés à quelques photos de famille. Face à un mur entièrement couvert de photographies, bouleversant, un Lucio Fontana blanc, d’un format inhabituellement grand, très pur d’une seule entaille verticale. On aperçoit, dans une bibliothèque dont les portes vitrées protègent des livres particulièrement précieux, un petit paquet carré, emballage mystérieux des tout débuts de Christo. D’autres peintures au mur, dont une d’un ami. Ici, rien n’est décoration, on vit dans un environnement où l’art trouve tout naturellement sa place pour que l’on vive avec lui. On le respire. Mais il ne s’agit ni d’un musée, ni d’une monstration, encore moins d’une démonstration. Pas de logique, pas de hiérarchie, une manière plutôt d’autoportrait fait de bribes de souvenirs, de moments d’une vie, d’émotions préservées. Nous n’avons, finalement, pas tellement parlé de mode. Sans doute parce que ce n’est pas vraiment le propos, même si celui qui dit avoir été fortement influencé par August Sander est catalogué comme photographe « de mode » et que c’est son activité professionnelle principale. Mais il est évident que pour celui pour qui « tout est portrait » l’enjeu, le seul, est la photographie. Donc la lumière. Et une indispensable liberté que l’on retrouve dans la façon d’évoquer et sa pratique et des souvenirs, de se dire sans toujours se dévoiler, avec une pudeur qui n’est pas un calcul ou une cachotterie. La parole est fluide, les émotions et les souvenirs reviennent, les convictions, les commentaires, sans affectation. On se parle. Juste entre nous.
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19.50 €